Les étrangers sous surveillance

Dès le début de la guerre les autorités françaises se méfient des réfugiés espagnols. En effet, on craint que leur regroupement ne favorise la propagande communiste.


Voici un extrait d’une lettre du ministre de l’Intérieur aux préfets, du 1er septembre 1942 , qui traduit cette inquiétude :

Des renseignements qui me parviennent de sources très diverses et qui ont trouvé confirmation dans de récentes opérations d’ordre judiciaire, je suis avisé que les groupements de travailleurs étrangers, notamment en ce qui concerne la main d’œuvre espagnole qui est utilisée, continuent à jouer le rôle de mobilisateurs au profit des forces de la Révolution. Les dirigeants responsables de l’action communiste, ont en effet pris l’habitude de recruter parmi les anciens gouvernementaux espagnols réfugiés sur notre territoire et qui ont déjà tous subi l’épreuve de la guerre civile, dans leur pays, des éléments instruits, capables de fournir le noyau d’une armée d’insurrection, et d’autant plus dangereux pour l’ordre public qu’ils ont moins de liens avec la communauté française.

Aussi, une enquête sur les groupements d’Espagnols de Besançon et de Montbéliard, suspectés d’être des foyers révolutionnaires, est-elle ordonnée.
Pour Besançon, nous disposons du rapport du 5 octobre 1942 de l’inspecteur Simon au commissaire central de police de Besançon  :

La colonie espagnole à Besançon comprenait environ soixante membres (commerçants, employés et manœuvres).
Un certain nombre, sont actuellement en Allemagne, d’autres travaillent pour le compte de différentes entreprises en dehors de notre circonscription.
L’enquête faite dans le but d’identifier parmi ceux-ci, des suspects, n’a donné à ce jour aucun résultat.
Néanmoins une surveillance est exercée sur l’activité possible de ces étrangers et le cas échéant un rapport sera immédiatement transmis.

Est jointe à ce rapport, datée du 23 septembre 1942, une liste nominative de soixante ressortissants espagnols domiciliés à Besançon. Il nous a semblé intéressant de relever au passage les professions exercées par ces immigrants. Nous trouvons donc : 1 fourreur, 3 chauffeurs, 8 négociants, 17 manœuvres, 1 employé, 1 tâcheron, 2 bûcherons, 1 brossier, 1 perceur, 1 plâtrier, 3 cuisiniers, 1 bijoutier, 1 mouleur, 1 tonnelier, 1 « primeur », 1 coiffeur, 1 forgeron, 1 peintre, 1 ouvrier, 1 vitrier, 1 typographe, 1 boulanger, 1 cafetier, 4 garçons de café, 1 cordonnier, 1 maçon, 1 restaurateur, 1 ouvrier agricole et 1 terrassier. Parmi les manœuvres, quatre ont été envoyés en Allemagne et un est détenu.
Pour Montbéliard, nous avons trouvé un rapport du 28 octobre 1942 du commissaire de police de Montbéliard au sous-préfet de son arrondissement, comportant une liste de 17 ressortissants espagnols . Bien que ces derniers n’aient fait l’objet d’aucune remarque particulière, la méfiance subsiste :


Arch. du Doubs – 1409 W 14

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