Italiens: L’entre-deux-guerres, entre politique, travail et intégration

Les Italiens deviennent la première communauté étrangères de Besançon. Beaucoup vivent à Battant. Les tensions internationales, la montée du fascisme se répercutent dans la vie de la ville.


Reconstruire et intégrer
A la fin de la Première Guerre Mondiale, il faut reconstruire et les besoins en main-d’œuvre sont énormes. En outre, la France devient l’un des seuls pays qui accueille assez facilement les travailleurs étrangers, ce qui en fait rapidement le plus grand pays d’immigration au monde. L’immigration italienne se développe considérablement et des migrants d’autres régions d’Italie commencent à arriver, surtout venant du Nord-Est (Vénétie, Trentin, Frioul) et du Centre-Nord (principalement d’Emilie-Romagne). Petit à petit, comme pour l’ensemble de la région, les Italiens supplantent les Suisses et deviennent la première communauté étrangère. Ils le restent jusqu’en 1968. Devant un tel afflux, les pouvoirs publics, au niveau national comme au niveau régional, s’inquiètent vivement. Afin d’assimiler et d’intégrer au plus vite cette importante main-d’œuvre, de nombreuses mesures sont mises en place. Elles favorisent entre autres l’école publique en français, les procédures de naturalisation sont simplifiées et les associations étrangères sont très contrôlées. C’est à cette époque que le fameux « creuset français » se met en place, même si l’intégration ne se fait pas sans difficultés, surtout dans les années 30.

La moitié des étrangers de Besançon

Au recensement de 1936, l’année où les étrangers sont les plus nombreux à Besançon – au total 3212 pour une population de 56 491 habitants, soit environ 5,7% – l’on recense 1352 Italiens (près de la moitié des étrangers), 1103 Suisses, 156 Polonais et des migrants d’autres nationalités en plus faible nombre. Au niveau du département, les Transalpins sont 7990 et forment la première communauté étrangère depuis 1931. Les étrangers habitent surtout dans le quartier de la Madeleine et dans le quartier Battant. D’après les listes de recensement, on retrouve ainsi 528 étrangers dont 383 Italiens dans la zone qui comprend les habitations à l’ouest de la rue de Madeleine, du quai Veil Picard à Fort Griffon et à l’Avenue Siffert (appelée 5ème section pour les agents recenseurs). Encore plus qu’avant 1914, les rues du Petit Charmont, du Grand Charmont et Richebourg font figure de véritables Petites Italies. L’école primaire de la rue d’Arènes grouille d’enfants aux noms italiens : Mazzocco, Minervini, Moretto, Papa, Perrazzi, Poletti, Vardanega et bien d’autres encore. Dans le quartier Battant (la 6ème section pour les agents recenseurs) vivent 361 étrangers dont 196 Italiens. On retrouve des Italiens à d’autres endroits de la ville, notamment au centre-ville, mais jamais dans de telles proportions. La majorité déclare travailler dans le bâtiment.

Un contexte plus difficile
Le contexte international difficile et les évènements de la fin des années 30 se répercutent aussi à Besançon. Selon un rapport du préfet du Doubs de 1937, les Italiens sont les seuls immigrés qui s’intéressent particulièrement à la politique. Les Archives du Consulat d’Italie de Besançon, disponibles aux Archives Départementales du Doubs, nous fournissent de nombreux renseignements sur les activités organisées par le régime fasciste dans la capitale comtoise. Malgré l’appui de Rome, celles-ci ne parviennent pas à s’implanter durablement et profondément. L’Association des Anciens Combattants Italiens – une association fasciste – ne compte que 44 membres à Besançon. En 1939, seuls 7 élèves fréquentent les cours de langue italienne organisés par le Consulat et le club sportif Il circolo sportivo ne rassemble que 16 adhérents en 1939.
En contrepoids, des organisations anti-fascistes apparaissent également. Il nous faut ainsi citer l’Union Populaire Italienne (UPI), fondée en 1937, qui compte 21 sections dans le Doubs dont une à Besançon. L’UPI, tout comme d’autres associations antifascistes plus petites, connaissent un certain de succès mais qui ne dure pas.

Le temps des tensions
En cette fin des années 30, les relations entre la France et l’Italie sont plutôt tendues et cela se ressent aussi à Besançon. En novembre 1938, l’Italie revendique la Savoie, Nice, la Corse et Djibouti. En réaction, au mois de décembre, environ 300 étudiants accompagnés de quelques lycéens et collégiens descendent dans la rue pour manifester contre les revendications territoriales de Mussolini et contre l’Italie. La majorité de la population bisontine approuve. L’UPI s’éloigne alors clairement de la position de Mussolini et apporte son soutien à la France.
Les sentiments anti-italiens deviennent encore plus forts après l’annonce de la déclaration de guerre de l’Italie à la France en juin 1940. Pour beaucoup de Français, Mussolini leur assène un véritable « coup de poignard dans le dos ». Comme en 1938, une manifestation s’organise place Saint-Pierre et des slogans tels que « Aux chiottes Mussolini » résonnent dans les rues du centre-ville. Encore une fois, la population bisontine soutient très largement l’initiative et l’UPI adopte la même ligne de conduite qu’en 1938.

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