Un citoyen suisse dans la résistance française

André Montavon naquit le 26 octobre 1919 en Suisse, à Cœuve, un village situé aux environs de Porrentruy. Son père était instituteur. Lorsque le second conflit mondial éclata, le jeune André faisait ses études en France.


Il avait intégré la faculté des lettres de Besançon, ville où il avait déjà été élève au lycée Victor Hugo.

Dès le début de l’occupation allemande ce citoyen suisse n’hésita pas à se joindre à quelques camarades des villages voisins de Valleroy afin de récupérer des armes et des munitions qui avaient été abandonnées, en juin 40, par l’armée française en retraite. Un dépôt clandestin fut ainsi constitué. Mais, courant novembre, les Allemands le découvrirent, suite à une dénonciation.

Nullement découragé André Montavon continua à militer, cette fois au sein de la faculté de lettres bisontine. Il réussit alors à regrouper plusieurs sympathisants qui, comme lui, écoutaient — très discrètement, cela va de soi — la radio gaulliste de Londres. De même il put rédiger puis diffuser un journal dont le titre était “L’étudiant patriote”. Le premier numéro parut en avril 1941. Hélas cette publication s’arrêta là.
Le jeune homme entreprend de se lancer dans l’aventure des passages — toujours clandestins, évidemment — de la frontière. Son secteur de prédilection se situait entre Meslière (France) et Grandfontaine (Suisse). Du début 1941 à juin 1943, il entreprendra une quinzaine de voyages. En juin 1942 un certain “Lucien” le contacta puis le dirigea vers un dénommé “Léon”. Ce dernier lui demanda de cesser toute propagande patriotique à l’université afin de se consacrer à la résistance armée en s’affiliant à la “compagnie Valmy”, un groupe de résistants, communément baptisée “FTP (Les Francs Tireurs et Partisans est le nom du mouvement de résistance armée créé en France à la fin de 1941 par la direction du Parti Communiste français)”, qui venait d’être mis sur pied par un mouvement de Résistance, le « Front National »
La “compagnie Valmy” opéra principalement entre Besançon et Montbéliard. Lui sont attribuées, d’avril à octobre 1942, seize actions de tous les genres habituels en guérilla. Après la disparition de ce groupe suite à des arrestations, il constitue un nouveau groupe de combat baptisé “Alsace”, avec des jeunes gens de la vallée de l’Ognon. Après de nombreuses actions de sabotage dans la région, il est arrêté le 10 juin 1943, dans un café de Besançon, en compagnie d’un responsable départemental des FTP.

Aussitôt emprisonnés à la maison d’arrêt dite “de la Butte”, sise dans un faubourg bisontin, Montavon et son compagnon d’infortune subirent d’épuisants interrogatoires. Stoïques, ils ne révélèrent rien de compromettant pour les autres. Toutes les tentatives de sa fiancé et de sa mère échouèrent. Lors du procès, Montavon et 16 autres résistants furent condamnés à mort. Mais la nationalité suisse de Montavon poussa les Allemands à transformer sa peine en emprisonnement dans le but de l’échanger avec des Allemands détenus en Suisse. Montavon rejoignit donc sa cellule. Il y restera onze mois.
Suite au débarquement Allié en 1944, Montavon est transféré en Allemagne où il est envoyé dans le camps de concentration de Neuengamme dans les environs de Hambourg puis fait parti d’un Kommando de déporté travaillant sur le port militaire Wilhenshafen. Survivre. Telle fut l’unique pensée du matricule 43 749 durant l’automne 1944, au cours de l’hiver 44-45, puis enfin aux prémices du printemps 1945.


Face à l’avancée des troupes Alliées, le Kommando fut évacué. Ce fut un atroce voyage, tantôt à pied, tantôt par le rail, sous les coups des SS de plus en plus violents. C’est ainsi qu’il se retrouva au port de Lübeck où les troupes anglaises le libérèrent. Emmené en Suède par la Croix Rouge pour être soigné, il ne rentre en France qu’en juillet 1945.

A la fin de la guerre André Montavon repris ses études de philosophie à Paris, Ensuite il s’installa, durant quelques années au Vénézuéla. Entre temps il avait obtenu la nationalité française, puis épousé sa fiancée bisontine. Nouveau séjour au Vénézuéla, Puis, enfin ce fut une longue et fructueuse carrière d’enseignant au lycée cantonal de Porrentruy, de 1959 à 1982, dans ce cher pays natal qu’il n’avait jamais oublié. En 1982 il prit sa retraite à Besançon. C’est dans cette ville, lieu de ses premiers exploits de résistant, qu’il décéda en 1993.

Extrait des « Tribulations d’un citoyen suisse, André Montavon, dans la Résistance française » / Colonel Robert Dutriez dans le « Journal des victimes de la guerre et des Anciens combattants du Doubs », 4ème trimestre 2003

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×