Les premiers migrants identifiés venus de la péninsule italienne sont les Romains Ils font de Besançon la capitale de la Séquanie.
A la Renaissance, Besançon devient une ville-carrefour pour les marchands transalpins.
Vesontio
Les contacts entre Besançon et la péninsule italienne existent depuis longtemps. La description que fait Jules César dans sa Guerre des Gaules (Ier siècle avant J.C.) constitue l’une des premières traces écrites de Vesontio. Le stratège avait bien compris l’importance de la position géographique de la capitale des Séquanes et, à partir de cette époque et jusqu’au IIIe siècle après J.C., la ville connaît, sous la domination romaine, une période de splendeur attestée par les nombreuses ruines encore présentes de nos jours.
Des invasions à la Renaissance
Au fil des siècles, au gré des invasions diverses et variées venues surtout du Nord et de l’Est, les relations s’estompent quelque peu. Elles reprennent au XVIe siècle, ce qui n’a, en soi, rien de surprenant car l’on estime généralement que les territoires transalpins (il est en effet incorrect d’employer le terme d’Italie, puisque l’Italie n’apparaîtra en tant que pays que dans la deuxième moitié du XIXe siècle) connurent deux périodes de splendeur : l’époque romaine et la Renaissance. On retrouve ainsi en 1535 des marchands génois à Besançon. Ces derniers, chassés de Lyon et de Chambéry, installent alors une foire dans la ville. Cette fiera di Bisanzone attire pendant quelque temps un certain nombre de commerçants et de changeurs. Cependant ces derniers délaissent rapidement la ville, peu rentable et plutôt difficile d’accès, et s’en retournent Outre-Alpes.
Une position de carrefour pour les marchands
Dans les siècles qui suivent, d’autres migrants arrivent dans le sillage de ces Génois. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce sont notamment des Savoyards dont certains sont italophones (n’oublions pas que la famille royale italienne provient d’une vallée de la Tarentaise). Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle, des maçons tessinois participent aux premiers agrandissements de la ville. Dans la tradition des marchands génois du XVIe siècle, nous retrouvons également deux familles d’imprimeurs ligures qui travaillèrent au centre-ville jusqu’en 1852. On recense aussi la présence de certains marchands ambulants et autres colporteurs. Le cas des Tesini, des marchands venus du nord-est de l’Italie, est à ce sujet très représentatif. Ces bergers reconvertis en vendeurs d’estampes parcourent toute l’Europe entre le XVIIIe siècle et 1914. Petit à petit, leurs tournées se font de plus en plus longues et ils atteignent même l’Asie, l’Amérique et l’Océanie.
En 1846, on trouve des magasins tesini dans les plus grandes villes d’Europe ; en France à Paris, Metz, Strasbourg, Toulouse et Besançon. La position de carrefour de Besançon y est sans doute pour beaucoup. Nous avons retrouvé, aux Archives Départementales du Doubs, l’acte de mariage d’un de ces Tesini, Pierre Jean-Baptiste Pellizzaro avec une Bisontine nommée Thérèse Fanny Picard. Il date du 15 juin 1857 et nous apprend que le magasin est situé rue Moncey. Sans doute a-t-il une clientèle bourgeoise et aisée. Toutefois, nous ne retrouvons plus de traces de ce couple après 1860. Même s’ils demeurent dans la ville pendant quelques décennies, les marchands d’images ne sont vraisemblablement que de passage.
Contribution de Frédéric Spagnoli (Docteur en Italien et docteur en Sociologie et petit-fils d’immigré italien)