Lorsque j’ai fermé mes yeux le 14 septembre dernier, un étrange sentiment m’a envahie, mélange de nostalgie, de mélancolie et de joie profonde.
Je me suis vue arriver à la gare un certain samedi 14 septembre de l’an 2002, alors que je n’avais que 20 ans. Je venais de quitter mon pays. Pour la première fois, je me retrouvais seule, sans famille ni amis, au milieu d’une foule d’étrangers pour faire face à ma vie, à mon avenir et à moi-même.
Voilà que j’ai atterri dans tes bras alors que je ne connaissais même pas ton nom quelques mois auparavant. Paris, Marseille, Lille, Toulouse, même Dijon et bien d’autres bénéficient d’une notoriété dont tu ne jouis pas. Cependant, tu n’as pas à les jalouser. Tu peux être aussi fière que tes voisines ; tu n’as pas à les jalouser, tant tu as su voler les cœurs de tous ceux qui ont vécu entre tes murs.
Dès mon arrivée, je me suis émerveillée de ta beauté. Tu es colorée de mille couleurs dont la verdure prend le dessus. Cette campagne au milieu de la ville que tu offres à tes habitants est d’une grande rareté. Tu peux t’en vanter parmi tes proches. Tes collines te protègent d’un mystérieux danger et nous offrent un merveilleux tableau qui s’amplifie de magnificence lorsque la neige vient les colorier. Tu renfermes entre tes bras tant de richesses et de trésors historiques et culturels, hameçons des touristes. Capitale de l’horlogerie, ville de Victor Hugo et des Frères Lumières, convoitise de Jules César, protégée de Vauban, tu ne pouvais que me charmer davantage. Avec ta citadelle, monument unique, tes églises, ta cathédrale et tes basiliques, tes architectures et tes ponts, tes pierres propres à toi, tu ne pouvais que me conquérir. On te dit petite, et pourtant si riche. Il y a tant à découvrir en toi et tout autour de toi. Tu baignes dans une nature sans pareille et dans un contexte urbain singulier, m’offrant tant à voir et à découvrir. Je ne me suis guère lassée de te contempler. Mais le plus surprenant chez toi, c’est ton climat. J’avoue être une des rares personnes, peut-être la seule, à se réjouir de tes pluies régulières, voire quotidiennes. A croire que tu pleures sans cesse. Même dans la saison chaude, l’orage s’annonce aussitôt, avec ses éclairs, ses tonnerres et ses pluies. Je ne peux qu’être émerveillée devant une telle splendeur !
Oui, Besançon ! J’aime tout en toi. J’ai parcouru la France et je ne t’ai pas trouvé de pareille. Dès que je m’éloigne de toi, il me tarde de te retrouver ; et avant même d’arriver auprès de toi, à quelques kilomètres, je sens mon cœur se réjouir au-dedans de moi. On a beau dire que tu étais petite, sans grand divertissement, ennuyeuse, pluvieuse et froide, mais je ne peux me résoudre à te quitter.
Tu es la ville étrangère d’un pays lointain qui m’a adoptée, m’offrant tant d’amis, tant de lieux à voir, d’histoires à connaître, de paysages à observer ! Tu me fais sourire avec ton accent franc-comtois et tes mots qui te sont propres. Tu me régales avec tes délices gastronomiques et tes spécialités culinaires. Tu m’enchantes avec ton climat pluvieux et mélancolique. Tu me berces avec tes légendes et tes contes. Tu m’instruis avec l’histoire de tes monuments. Tu me touches avec la sympathie de tes habitants. Tu me troubles tant avec la beauté et le charme de tes panoramas. Tu ne cesses de m’émerveiller et je n’ai pu que tomber amoureuse de toi, sans te trouver jamais de défauts.
J’ai fini par te considérer comme ma ville natale. Etre bisontine, ce n’est pas seulement être sortie de toi, mais c’est aussi faire partie de toi ; et je fais partie de toi.
Notre rencontre est le fruit du hasard. Je ne t’ai pas choisie, pourtant, c’est chez toi que je me suis retrouvée durant six longues années. Oserais-je croire que c’est toi qui m’aies choisie ?
Zeraoui Nahla Nellie, le 04 novembre 2008
Besançon, France