On est venus en contrat de migration

M. et Mme El Garche, venus du Maroc, sont des habitants des tours de l’Amitié. Ils sont arrivés en France en 1970, et racontent les aléas du parcours de M. El Garche, ouvrier, chef d’équipe puis… chômeur et retraité.


Le départ

M. El Garche : On est arrivés pour travailler. On est venus en contrat de migration en juillet 70. Après on a travaillé et puis j’ai gardé mon poste jusqu’à la retraite. Pour le contrat on passait par le bureau d’immigration.

Mme El Garche : Ils demandaient aux gens pour venir travailler ici. C’était un rapport entre le patron et les ouvriers qui voulaient. Par exemple le patron disait à l’Etat je veux tant de personnes et c’est le bureau des services étrangers qui envoyait les contrats dans les pays. Après, là-bas, comme l’agence pour l’emploi ici, ils trient, ils appellent les gens et leur proposent d’aller travailler à l’étranger.
Vous passiez la visite générale : les yeux, les dents, les poumons, l’examen de sang, les oreilles et tout. Il fallait être en bonne santé. Si vous étiez malade, si vous aviez le diabète, ou bien la prostate, vous étiez refusé. C’est le docteur du bureau de l’immigration qui donnait le laissez-passer, un papier comme quoi vous étiez en bonne santé et vous pouviez voyager à l’étranger en Europe.
Vous rentriez dans le pays, dans les 8 jours vous aviez vos papiers de résidence en France.
Le patron faisait un contrat d’un an qu’il envoyait à la préfecture. Et c’est la préfecture qui donnait une carte de séjour d’un an, puis de 3 ans, et après quand on est bien, quand on n’a jamais de problème, on n’a rien, ils donnent la carte privilège de 10 ans. Il y a temporaire : un an, plus l’ordinaire : 3 ans renouvelée une fois et celle de privilège de 10 ans. Et à chaque fois on passe une visite médicale.
C’était un CDI. Vous rentriez avec un contrat d’un an et puis à la fin du contrat, restait celui qui voulait, vous étiez libre. Vous aviez vos papiers de préfecture, votre carte de séjour.

Et c’est comme ça qu’il est venu : il est venu par contrat. Il n’est pas venu touriste ou il n’est pas venu ici et après il a fait les papiers. Il est venu par contrat.

Et puis le patron qui leur a fait les contrats : c’était M. Il y a travaillé trois ans et puis après il est reparti chez… c’est à cause de… Il habitait à Franois et venait faire les courses ici. Et comme il n’avait pas ni voiture, ni vélo, ni rien, ça lui faisait trop de transport. Il a donc demandé à travailler ici.

Avant la main-d’œuvre était bien accueillie et il y avait du boulot pour tout le monde. Il y avait les travailleurs d’Afrique, les Espagnols, les Portugais et c’était une bonne ambiance et la France avait besoin des travailleurs Et il est venu par contrat. Voilà. Et quatre ans après, je suis arrivée moi.


Travail et logement

Mme El Garche : Chaque patron qui faisait le contrat, donnait le logement à ses ouvriers. Nous c’était Franois qui s’en est occupé. Les autres c’était la Gibelotte.

M. El Garche : Chaque patron était responsable des ouvriers, parce que ils ne savaient pas où ils allaient habiter, ils ne savaient pas où chercher, où coucher. Alors, il y a les logements pour ses ouvriers. Tout près de l’usine, pour que quand il a besoin, il ne va pas les chercher, il est plus près, à côté : il appelle.

J’habitais à Franois. Le patron m’avait offert une chambre meublée gratuite. J’ai quitté là-bas parce qu’il y avait trop de poussières. La poussière de l’argile, ça apporte la galle, l’eczema. J’ai quitté là-bas et je suis allé à Chateaufarine, chez les sœurs. C’était un peu plus proche que Franois. On se sauve de la poussière.

Là-bas à Franois c’était comme à l’Amitié. Il y avait des chambres de quatre personnes, de deux personnes, il y a des chambres de une seule personne ; ça dépend de l’ouvrier. Là où j’habite, il y avait quatre chambres, ça fait huit personnes, ou dix, vingt. Les chambres étaient comme le salon, salle à manger ici, c’était grand. Chaque chambre était grande et les cuisines ensemble, les douches ensemble, la salle à manger ensemble.
Et le travail chacun pour soi. Il y en a qui travaillaient 169 heures, il y en avait qui en faisaient 200, 260 parce que le patron avait besoin de qualité et de quantité. Alors les heures en supplément c’était ouvert. Vous vous dites, j’ai travaillé jusqu’à vendredi, ça y est j’arrête. Le travail c’est 8 heures et si tu veux continuer, tu continues. Mais ça a changé parce que maintenant on est aux 35 heures. On ne peut pas faire des heures supplémentaires comme avant. C’est interdit.

A Chateaufarine, c’était comme une crèche des sœurs. Et puis ils ont fait comme le centre nord-africain. J’ai logé là-bas aussi, un logement d’immigration aussi. Quand j’habitais là-bas, Planoise n’existait pas. Et puis il n’y avait pas de bus, pas de taxi ; il n’y avait que la charrue avec les chevaux.

Et puis après Chateaufarine, je suis venu à l’Amitié parce que je suis rentré chez B.. Je me rapproche un petit peu.

Mais de Franois, je n’ai déménagé qu’à cause des poussières. Parce que enfin, on travaille, on finit, on fait une douche et on sort. Et entre les rails du train et l’usine, il y a le logement puis, à côté du logement, le laminoir qui casse les pierres pousse beaucoup la poussière. Et puis le train à vapeur qui passe encore avec le charbon, les fumées. Alors la poussière plus la fumée, c’est terrible.
C’est pour ça que j’ai quitté le logement et même chez le patron, parce que j’étais chef chez lui, chez M. Je suis rentré comme manœuvre et j’ai vu l’usine, j’ai conduit toutes les machines : le four, la mouleuse, j’ai tout vu. Après le directeur m’a désigné adjoint chef et puis tout doucement ça monte : l’échelon 1, 2, 3, …

Ces logements existent encore. Même si l’usine s’est arrêtée à Franois, il reste un stock là-bas. L’usine qui travaille, c’est à Lantenne maintenant. Alors à Franois il y a le stock et puis les gens qui restent, les mêmes logements. Même maintenant, il y a encore des gens qui travaillent à Lantenne et le soir ils rentrent à Franois.


Parcours

M. El Garche : Mon premier poste, c’était aux tuileries M. Je suis rentré comme manœuvre et avec les qualifications je suis devenu adjoint chef d’équipe. Et puis j’ai arrêtè là-bas. J’ai fait deux jours de calage et puis j’ai pris mon poste dans la métallurgie, chez B. dans le bas de Trépillot. C’est pareil, j’ai tout fait là-dedans : cisaillage, montage, cariste, et puis jusqu’aux nouvelles machines électriques. Et après ça change. Je suis passé sur toutes les presses, j’ai conduit toutes les machines. J’ai tout  fait : du sertissage, du montage, de l’assemblage… J’étais bien sur tous les postes qu’ils me donnaient.

Mme El Garche : Il faut bien accepter.

M. El Garche : Et je reste là-bas jusqu’en 93, quand a commencé la crise économique. Ils ont licencié pour ne pas garder les ouvriers pour rien. Quarante personnes de l’usine ont dû s’arrêter. Je suis sorti à 54 ans en licenciement économique et social.

Mme El Garche : Parce que quand il a été licencié, il avait 54 ans. Aucun patron ne pouvait le réembaucher. C’était trop tard. Il est resté trois ans au chômage, et puis après il est passé en une allocation spécifique de solidarité. Mais qu’est-ce qu’on a galéré ! Parce que les enfants, ils étaient en pleines études : la grande était en licence et les autres en DEUG et terminale. Et bien il faut bien travailler, il faut bien les aider. C’était pas notre joie quand même.

M. El  Garche : Et encore, j’ai travaillé avec plaisir pour mes enfants, j’ai bien construit.
C’est avant tout pour eux. Mais ils ont bien réussi leur vie. Je suis content.

Mme El Garche : Ils ont bien réussi, c’est bien. On a eu un petit peu de misère mais c’est pas grave. Toutes les familles c’est comme ça, quand un père est en chômage, les enfants il faut qu’ils s’adaptent. Quand il y a la moitié d’une paie, pas une paie, il faut bien s’habituer.


Travail et Formation

M. El Garche : J’ai suivi des cours de français. C’est obligé parce que moi j’ai fait les études au Maroc, mais je n’ai pas de diplôme. Je ne voulais pas moi, je n’aime pas l’école. Mais je sais écrire pour l’administration, ou pour l’ambassade. Comment dire ? C’est mon secrétaire : j’ai tout là-dedans, dans la tête, mais je n’aime pas l’école. J’ai même appris un peu le hollandais, un peu d’anglais, un peu latin, la langue internationale, l’esperanto, j’ai appris un petit peu. J’achète des bouquins et puis je fais les études. Du moment que j’ai rien au boulot. Je ne vais pas au café ni au Tiercé.

Avant je suis allé au GIM, au centre de développement professionnel. Et puis dans chaque secteur ils passent et moi j’ai pris le travail avec les études et oral.
Quand on trouve quelqu’un, un dessinateur ou architecte, on parlait avec les papiers : alors voilà le français, voilà la grammaire elle est juste…  Et puis quand tu trouves un gars qui est oral, tu parles à la bouche, pour qu’il apprenne. Mais pas écrite, rien que l’oral : attention là, fais gaffe ici, le danger… Il explique…

Alors moi j’ai appris en français, j’ai appris en arabe…. Et je peux faire la traduction. Comme il est venu un Saoudien au service des achats chez B. qui ne savait ni le français, ni l’anglais. Au standard, il n’y a pas de secrétaire qui parle arabe et qui peut traduire. Alors le responsable du personnel avec le directeur sont venus me chercher pour faire la traduction. Au service des achats, il y a des bilingues anglais, des bilingues allemands, mais pas de bilingue arabe.


L´Amitié « cité de transit » ?

M. El Garche : En 72 j’étais logé à l’Amitié I ; j’y suis resté deux ans. En avril 74, ma femme m’a rejoint et je suis venu à l’Amitié III, dans l’appartement 106. Puis je suis passé au 89, et depuis 78 je suis dans l’appartement 90.

L’Amitié I
Mme El Garche : Les logements c’étaient des F5.

M. El Garche : C’étaient des célibataires qui louaient une chambre à deux par le service d’immigration de l’AATEM. C’était un lit d’une personne, un lit complet, avec le matelas, l’oreiller, avec tout. Et puis il y avait une cuisine. Tu faisais les commissions, tu te débrouillais tout seul. Il fallait faire le linge tout seul, la cuisine tout seul. Les appartements, c’était chacun deux par chambre et la cuisine en commun, le linge en commun, la salle à manger en commun… La télé, c’était au café-restaurant.

Mme El Garche : Là, mon mari ramène et chacun ramène quelque chose pour faire de la musique ; un lieu de rencontre où ils s’entendent ensemble et ils font un peu de musique, un peu de tout et ça leur change les idées du travail, de la fatigue de la semaine. Mais maintenant, il n’y a plus ça. Chacun est chez soi et est enfermé et attention, il faut bien fermer. C’est dommage.

M. El Garche : Et puis après, en juillet 73, ils ont arrêté le café et ils ont fait le centre de loisir pour les vieux, pour les ouvriers et pour les petits. Après sont venus les gens, l’instituteur qui donnait des cours.

Mme El Garche : A l’Amitié I, c’était bien. C’était pour les célibataires ; comme un F4 qu’ils se partageaient deux par chambre. C’était comme un foyer de logement. Il habitait ici. Avant c’était des célibataires à l’Amitié I. C’était des logements spéciaux  pour gens immigrés mais célibataires. Que l’Amitié I. L’Amitié II, c’était des gens mariés de n’importe quelle nationalité. Quand je suis arrivée moi, il y avait beaucoup de nationalités, des Italiens, des Espagnols, des Portugais, des Maghrébins comme nous, il y avait de toutes les races. Mais on s’entendait bien, il y avait une bonne ambiance.
La tour de l’Amitié III, elle, a été construite en avril 74. Les logements ont été donnés en priorité à ceux qui habitaient à l’Amitié I et qui voulaient ramener leur famille, en regroupement familial. Mais c’était pas pour rester longtemps, c’était pour s’habituer.

M. El Garche : Il fallait s’habituer.

Mme El Garche : Oui, pour s’habituer à la vie ici, apprendre à changer d’un pays à un autre Et après on devait re-déménager. Mais comme nous, on s’entendait bien avec les gens de l’Amitié II, les voisins, le voisinage de tout le secteur, on est resté. On a demandé et monsieur l’abbé qui travaillait avec le service des étrangers a accepté.

Avant c’était l’AATEM, le bureau du service des étrangers. Chaque fois qu’il y avait un problème, ou une traduction de papier ou quelque chose, on s’adressait là-bas. Et là on nous conseillait, on nous disait comment il faire tel papier et tel papier et d’aller soit à la mairie, soit à la Préfecture…

Leur adresse, c’était le 22 rue Mégevand à côté de la Mairie. Maintenant c’est un bijoutier qui tient le petit local là-bas. La vaccination c’était au 15 rue Mégevand. Et quand on allait emmener les enfants en pique-nique ou en loisir ou en classe nature ou en vacances ou pour les familles, c’était au 6 rue Mégevand. C’est eux qui s’en occupaient.

L’AATEM c’était uniquement pour les logements.  Si on avait un problème de papiers ou n’importe, on s’adressait là-bas et c’est eux qui nous indiquaient où aller.

Et ça je vous dis, c’est des années 78 jusqu’en 85. Après ça a changé. Tout a changé. Le service immigré n’était plus le même, c’était un autre organisme, c’était plus comme l’AATEM. Le temps a évolué, les enfants ont grandi, ils ont fait leurs études, on est fiers d’eux. Mais on s’entendait bien à l’Amitié, c’était bien. Et les pique-niques derrière les rails, c’était bien aussi.

C’était derrière les Tilleroyes, il n’y avait que des maisons, pas comme maintenant. Il y avait une ferme. On traversait les rails de la scierie et on avait des pommiers, des poiriers ; et on pique-niquait là tranquilles, chaque famille mangeait. C’était un lieu de rencontre. Par exemple les samedis, dimanches, on était là-bas, on pique-niquait. C’était bien.

Le temps de l’AATEM

Mme El Garche : Mais le temps de l’AATEM, c’était bien quand même. Ils nous aidaient. La famille qui avait un problème, ils le résolvaient. Ils nous disaient comment faire pour s’en sortir, pour remplir leurs feuilles, les tampons, etc.

M. El Garche : Chaque soir, il y avait un prof qui donnait des cours de français à l’Amitié. C’était dans le centre qui se trouve entre le I et le II.

Mme El Garche : Si l’école voyait que des enfants étaient faibles, la directrice de l’école de Saint- Ferjeux en discutait. Et c’est comme ça qu’ils ont donné des cours gratuits.
Et à chaque fois qu’il y avait la fête de fin d’année, ils gâtaient tous les petits. Tous ramenaient des petits cadeaux, des petits jouets. On était bien. Et après il y avait la fête pour les papas et les mamans. Pour Noël ça se faisait, soit le 22, soit le 23 avant noël. Et ils gâtent bien les petits. Et nous, ils faisaient un pot. Ils achètent des des jus, des gâteaux, de tout. Et on se réuni tous avec l’AATEM, les voisins et tout. Et chacun danse, chante. Et après on a des gâteaux, on a tout. Ça fait plaisir aux petits. Pas pour nous, nous ça fait rien. Mais ça fait plaisir et ça fait une bonne ambiance. Mais on s’entendait bien. C’est pas comme maintenant. Maintenant les gens, ils se sont renfermés sur eux. Tout le monde a peur, tout le monde… Je sais pas quoi. J’espère que ça va changer. Mais les jeunes de maintenant c’est pas comme nous. Nous on avait des bonnes ambiances, des bonnes relations. On avait du bon mélange si vous voulez. Même les familles françaises, elles viennent vers nous, les Portugais, les Espagnols, nous aussi ; et chacun donne son idée. Et la fête de fin d’année, de fin d’école au mois de juin. On le faisait soit à l’école des sapins, soit à l’école de la Pelouse ; et c’était bien. On ne regrette pas ce temps-là. C’était bien quand même. Mais celui qui veut bien travailler, il veut bien réussir sa vie, il faisait. comme maintenant. Mais celui qui ne voulait pas travailler, que ce soit à l’école ou pas à l’école, et bien il ne travaille pas et puis c’est tout.

L’accueil
M. El Garche : Quand je suis arrivé ici,  sur tout le quartier de Saint-Ferjeux, il n’y avait que 140 marocains. Mais ils ont fait des enfants et les femmes se sont mariées. Beaucoup habitaient au Rosemont et travaillaient à l’abattoir. C’était le patron qui donnait le logement. Il y avait, je crois, 80, 90 personnes ; et puis chez M., 43 personnes marocaines. Il y avait des Portugais, des Espagnols, des Italiens ; Marocains, Algériens et Tunisiens ; après des Turcs. Des Yougoslaves aussi. Mais c’était pas le cirque. Et à Franois Il y avait même des prisonniers. On travaillait avec des prisonniers parce qu’ils ne trouvaient pas d’ouvriers. Le Medef demandait aux prisons de faire venir des ouvriers le matin pour le boulot et après ils retournaient en prison.

Mme El Garche : On était bien accueilli. Pas moi, mais mon mari, la génération de mon mari, ils étaient bien accueillis ici. Ils sont venus pour travailler.

M. El Garche : Tout le monde était content et puis nous aussi. Je n’ai jamais rien eu : pas de PV, pas de bagarre, rien. Enfin, je m’en vais où je vis, j’étais heureux. Et puis je n’ai fait de mal à personne et personne qui m’en a fait. J’ai tourné rue Battant et Veil-Picard la nuit, et personne ne m’a approché, je n’avais peur de rien. Chacun son travail, son métier, chacun pour soi.

Mme El Garche : Il y avait du travail, il y avait tout. Il y avait des gens bien. Il n’y a pas trop d’agressivité comme maintenant. Maintenant les jeunes, ils ne sont pas comme les anciennes générations. Les nouvelles générations… c’est autre chose. C’est bizarre maintenant, c’est difficile les enfants. On avait des relations avec les gens qui habitaient déjà sur le quartier de Saint-Ferjeux. Mais il ne reste maintenant que deux ou trois familles. Les parents ont re-déménagé et les jeunes ils ont ré-habité ou vendu les maisons qui étaient devant nous, et c’est des nouveaux. Alors, les nouveaux, c’est bonjour des fois, mais pas tout le temps.

En bas, il y avait des jardins…

Toute la place du Super U, les deux maisons qui sont là, la pente qui descendait jusque vers la rue, quand on monte et on descend jusqu’au sens interdit, ce n’était que des jardins.
La dame et les deux sœurs, nous donnaient tout quand elles cultivaient : des poireaux, des carottes, des choux, des carottes. Le matin, on les voyait cultiver avec leurs petites pioches et quand elles voyaient les mamans passer, elles disaient : « Venez, venez, on vous donne, allez faire la soupe. » C’était sympa de leur part. Mais maintenant, c’est le Super U, plus les jardins. C’est fini. C’était bien quand même, c’était généreux.

Et puis maintenant … Sur le quartier, il y a quelques Portugais, à l’Amitié II et à l’Amitié I. Il y a un Portugais ici et un autre qui est vient juste d’emménager ici à l’Amitié III. Il y a quelques familles qui restent. Tous les autres ont acheté une maison et ils sont partis. Tous ils ont bien fait leur vie : Ils ont construit et ils sont partis, ils ont déménagé d’ici. Il y a des Marocains, des Tunisiens . Les Espagnols sont tous partis.

M. El Garche : Elle va faire un livre. Voilà comment il est venu l’immigration dans le Doubs, voilà qu’est-ce qu’il fait, comment il était habillé, voilà… enfin comme vous allez écrire là, alors… les paroles elles s’envolent, mais écrites, elles sont toujours là.

Propos recueillis et mis en forme par Irène Serra Pires, Maison de quartier de Saint-Ferjeux.

Maroc

Besançon, France

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