Je viens de la République de Djibouti. Un pays si petit qu’il vaudrait mieux le comparer à une province plutôt qu’à la République française. Petit mais chaleureux.
Les études chez moi ne vont pas plus haut que la licence, c’est pourquoi, une fois celle-ci acquise, j’ai dû quitter ma terre natale pour poursuivre mon second cycle en France, à Besançon.
En dépit des quelques excursions précédentes, c’était la première fois que je partais aussi loin de chez moi pour une si longue durée. Pour les étudiants dans le même cas que moi, le mal du pays et la nostalgie sont les premières difficultés. Quitter son pays c’est comme être arraché, déraciné et projeté dans un nouveau monde, infiniment plus grand et différent.
Pour commencer, l’aéroport Charles-de-Gaulle est certainement deux fois plus vaste que le département où j’ai grandi. S’orienter avec pour seul guide cette constellation de flèches, de panneaux et d’écrans n’est pas une mince affaire. Ce n’est qu’une fois sorti de ce labyrinthe et assis dans le TGV en partance pour Besançon que j’ai commencé à souffler. Mais le repos fut de courte durée, car une fois arrivé à Besançon, un nouveau combat m’attendait. Cette fois, il s’agissait du combat contre l’adversaire le plus rude et le plus craint des étudiants étrangers : les paperasses administratives. Et moi qui pensais avoir définitivement réglé toute obligation administrative à l’ambassade de France à Djibouti. Je me trompais.
Survint alors un florilège de papiers à chercher, à dresser, à faire signer, à photocopier et à faxer pour régulariser ma situation à la préfecture. Cette étape est longue, épuisante et fastidieuse. Mais ce n’est pas tout car en parallèle il me fallait faire une démarche non différente auprès de la Division des Etudiants Etrangers du CROUS, cette fois-ci pour avoir un logement… Et tout ça, sans oublier d’assister aux cours magistraux pour lesquels j’ai quand même parcouru des milliers de kilomètres. C’est assurément une période difficile pour les étudiants étrangers. J’aurais aimé que les choses se passent de manière plus simple et plus accueillante.
Passée cette période tumultueuse, j’ai enfin eu le temps de m’arrêter et d’observer le monde autour de moi. Les paysages changent de couleurs au gré des mois. Le voile ocre de l’automne cède sa place au manteau blanc de l’hiver. Pour moi qui n’ai connu que l’écrasante chaleur du soleil et les tempêtes de sables, c’était un spectacle d’une extrême beauté qui, à lui seul, suffit à me faire oublier la tourmente de mes débuts à Besançon.
L’année scolaire s’est écoulée si vite. Elle a été pour moi riche en relations humaines, en événements et en émotions. J’y ai vécu et découvert tant de choses que je n’aurais jamais eu la chance de découvrir en restant dans ma contrée… Pour mes vacances d’été j’ai eu la chance de pouvoir rentrer chez moi. Avant de partir, j’ai ressenti une étrange amertume, mais cette fois ci, c’était parce que je quittais cette terre d’accueil qu’a été pour moi Besançon.
Propos de Nasser Saïd Mohammed
Djibouti
Besançon, France