Les harkis en quelques lignes

La guerre d’Algérie a opposé entre 1954 et 1962 l’armée française et des dizaines de milliers d’Algériens musulmans à d’autres Algériens musulmans nationalistes membres du FLN.


Sur 8,5 millions d’Algériens musulmans (les pieds noirs étaient 1 million), 2 à 300 000 s’engagèrent aux côtés de la France. Ce sont eux qu’on désigne du terme de harkis.

– Mars-juillet 1962 : cessez-le-feu en Algérie. Indépendance du pays. Exode massif des pieds-noirs. Le rapatriement des harkis n’était pas prévu : 20 000 purent cependant passer (60 000 avec les familles), qu’on entassa dans des camps forestiers (St Maurice l’Ardoise…).
Les autres, restés au pays, furent l’objet de terribles massacres , qui tuèrent 60 à 80 000 d’entre eux (chiffres controversés).

– La précarité matérielle et la solitude morale des harkis en France fut pendant plus de 20 ans terrible. Rejetés comme traîtres par l’Algérie , par la gauche anticolonialiste française, par les autres immigrés algériens, négligés par l’Etat français, victimes du racisme ordinaire.
– Leur calvaire prend fin : plusieurs lois d’indemnisation (1987, 1994, 2005) sont votées ; une reconnaissance morale est enfin intervenue, grâce aux livres écrits par des enfants de harkis (Dalila Kerchouche, Fatima Besnaci-Lancou), grâce à la création en 2001 par J. Chirac d’une Journée nationale des harkis, fixée au 25 septembre. Symbole de cet apaisement douloureux: « Harkis », dramatique passée sur France 2 en 2006, avec Smaïn.

– En Algérie, le sujet reste tabou. Les harkis, traîtres à la patrie, ne peuvent mettre le pied sur le sol algérien (même morts). Le massacre qu’ils ont subi est nié, ou tu ou minimisé et approuvé. L’histoire officielle étouffe la libre recherche historique, l’héroïsation simpliste étouffe l’analyse des complexités.
– Les harkis et leurs descendants sont peut-être 300 000 aujourd’hui en France.

Référence : « La Guerre d’Algérie, 1954-2004. La fin de l’amnésie », direction Mohammed Harbi et Benjamin Stora (Laffont), p. 317-344.

Contribution de Pierre Kerleroux, automne 2008

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