La Convention de Schengen (du nom du village luxembourgeois où elle a été signée en 1985) a permis la création d’un espace, composé par les territoires des États signataires, à l’intérieur duquel est possible la libre circulation.
Les pays qui se sont engagés dans la création de cet espace sont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et la Suède. À ces premiers signataires se sont joints la Suisse, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie, puis, en 2011, le Liechtenstein.
La création de l’espace Schengen tente de concilier deux buts. Tout d’abord, les citoyens des États signataires de la convention peuvent circuler librement d’un pays à l’autre de cet espace, sans subir de contrôles. Les frontières « disparaissent » en quelque sorte. Ensuite, les contrôles aux frontières extérieures de l’espace Schengen, c’est-à-dire toutes les frontières avec des pays n’ayant pas signé le traité, sont renforcés. Notamment, les pays de l’espace se sont dotés du « Système d’information Schengen » (SIS), qui est un fichier informatique commun permettant de mieux contrôler les déplacements des personnes extérieures à cet espace.
Les personnes étrangères à l’espace Schengen rencontrent désormais davantage de difficultés pour entrer en Europe, même si ce n’est pas pour y rester. Les voyageurs provenant d’un pays pauvre doivent obtenir un visa d’un pays signataire du traité, ainsi qu’un « certificat d’hébergement » par un citoyen du pays de destination. Ils doivent aussi prendre une assurance rapatriement obligatoire, qui garantit qu’ils ne resteront pas dans l’espace Schengen pour se faire soigner. Les étrangers (Personnes nées dans un autre pays que celui où elles se trouvent) provenant de pays riches n’ont pas à remplir de telles obligations car ils ont de toute façon intérêt à rentrer chez eux à la fin de leur séjour.
Cette politique a pour but de limiter très fortement l’immigration légale, c’est-à-dire celle qui s’effectue avec l’accord du pays de départ et de celui d’accueil. Pour émigrer légalement, un étranger doit remplir de nombreuses conditions. Conséquence : ceux qui veulent de toute façon tenter leur chance en Europe, tentent d’y entrer illégalement. On peut donc penser que la création de l’espace Schengen a renforcé les tentatives d’entrées illégales, même si ces tentatives aboutissent souvent à des échecs.
L’espace Schengen ressemble ainsi à une « forteresse » à l’intérieur de laquelle chacun circule librement, comme dans une « passoire ». C’est pourquoi, lorsqu’il y a des problèmes d’immigration en Europe, on entend certains dirigeants politiques parler d’« Europe forteresse », puisque les personnes qui n’en font pas partie ne peuvent y entrer que très difficilement, pendant que d’autres critiquent l’« Europe passoire », puisque, une fois à l’intérieur de cet espace, tous les déplacements sont possibles !
Philippe Godard (extrait de Demain le monde, 2007, publié avec l’aimable autorisation des éditions De La Martinière Jeunesse)