Qu’est-ce que la nationalité ?

La nationalité est un concept plus récent qu’on ne le croit souvent. Le mot n’apparaît qu’au début du XIXe siècle.


Bien entendu, la nation française existait depuis beaucoup plus longtemps – le mot « nation » est apparu dans la langue française, avec son sens moderne, au XIIIe siècle. Philippe Auguste a été le premier roi à se dire « roi de France » – et non plus « roi des Francs » comme ses prédécesseurs.

Cela se passait autour de l’an 1200, et ce changement d’appellation montre une évolution fondamentale. La France devient alors un territoire soumis à l’autorité d’un roi, plutôt qu’un peuple – on disait alors une « race », selon le premier sens du mot « nation » –, les Francs, sans réelles limites géographiques. Dans cette France des rois, les sujets sont restés encore souvent «{jtips}étrangers|Personnes nées dans un autre pays que celui où elles se trouvent.{/jtips}» les uns aux autres, et cela pour des siècles. Que l’on s’imagine comment des Bretons, devenus Français au cours du XVIe siècle, pouvaient considérer des Provençaux, des Berrichons ou des Lorrains ! Ils parlaient des langues diverses, suivaient des coutumes très largement différentes, bref, ils étaient, les uns pour les autres, des « étrangers », alors même qu’ils faisaient partie du même royaume.
Il faut attendre 1804 et le Code civil pour que soit établi le droit du sang, qui fonde la nationalité sur la filiation : est français celui dont le père est français. Ainsi, un enfant né à l’étranger d’un Français était français. D’autre part, un enfant né en France de parents étrangers pouvait décider de devenir français s’il établissait sa résidence sur le territoire national et s’il le demandait à sa majorité.
Cette définition de la nationalité française et les moyens de l’obtenir ont grandement varié en deux siècles, en fonction du contexte politique, du besoin ou non d’immigrés, etc.
Au cours du XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’État-nation s’imposa presque partout en Europe. Il s’agissait alors de faire coïncider une nation, donc un peuple (défini le plus souvent à partir de critères linguistiques ou ethniques) avec un État. Dans une grande partie de l’Europe triomphait alors le principe du « libre droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », alors que les empires multinationaux s’effondraient, comme l’empire austro-hongrois en 1918. La nationalité correspondant à l’appartenance à un État, l’école devint une institution centrale des États-nations. Il était en effet indispensable que tous les « nationaux » aient un langage commun, leur permettant de communiquer – alors que dans les empires multinationaux, c’est l’armée qui jouait en général le rôle clé, en soumettant les populations minoritaires.
Peu à peu, les États-nations devinrent agressifs ; le nationalisme était alors l’une des idéologies politiques les plus en vogue, tandis que la xénophobie (« peur de l’étranger ») se développait et était même créée et entretenue par certains États et diverses familles politiques. Cette situation s’aggrava, jusqu’à l’embrasement de la Seconde Guerre mondiale.
Le nationalisme avait donc conduit à la guerre. Depuis, c’est dans une autre direction que s’orientent les pays de l’Union européenne : l’intégration de nations autrefois ennemies dans une seule entité, « supranationale » – « au-dessus des nations ».
Il est donc probable que la notion de nationalité va continuer d’évoluer dans les décennies à venir, car le contexte politique, économique, social est lui aussi en pleine évolution.

Philippe Godard

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