Les contextes économiques et démographiques favorisent les flux migratoires de l’Italie vers la France. A Besançon, de grands chantiers urbains attirent une migration saisonnière d’ouvriers italiens.
Ces chantiers attirent également les fondateurs de grandes entreprises bisontines comme par exemple la famille Zani.
1) Contexte
– Italie : l’unité ne freine pas l’émigration. La natalité reste forte, et la pauvreté aussi. La surpopulation existe à la campagne, surtout en montagne. Chaque vallée, presque chaque village, a sa profession dominante : fumistes, vitriers, maçons, plus tard taxis.
– En France, dénatalité et croissance économique.
A Besançon, le taux de natalité passe de 28 pour 1000 en 1850 à 19,10 en 1893. La ville grandit cependant, lance de grands chantiers : la rue Moncey en 1840, la rue Morand, le square Saint-Amour et le quai de Strasbourg en 1864, la synagogue en 1869, le quai Veil-Picard en 1878. En 1854 a commencé l’aménagement des égouts et des trottoirs.
2) Les Italiens à Besançon et dans le Doubs.
En 1851, il y a 96 Italiens (on dit aussi « Piémontais) dans le Doubs. C’est infime : il y a au même moment 1 236 Suisses et 441 Allemands. L’auteur n’inclut pas les Savoyards parmi les Italiens.
En 1888, il y a 1 796 étrangers à Besançon, dont 204 Italiens. Sur ces 204, 189 sont des hommes, 100 sont travailleurs du bâtiment. 33 viennent de Lombardie, 32 du Piémont.
Au 12 rue du Grand Charment vivent 19 Italiens, tous maçons, dont 7 viennent de la province de Varèse.
En 1896, il y a 263 Italiens à Besançon. 113 hommes, 59 femmes, 91 enfants. Ils travaillent toujours principalement dans le bâtiment et les travaux publics, comme maçons, cimentiers, terrassiers.
Ils sont très nomades, souvent saisonniers. Ils suivent les coupes, les adjudications, les chantiers. Les maçons du Piémont arrivaient en mars-avril et rentraient en septembre-octobre.
Sur les 189 hommes présents en 1888, 127 ne sont plus là en 1891.
3) La famille Zani est l’objet d’un développement de 16 pages. Joseph, fumiste, est venu en 1838 de la région de Domodossola. Histoire d’un enracinement et d’un succès : une entreprise bien connue à Besançon.
Conclusion : vers 1900, le temps de l’immigration de masse et de l’enracinement des Italiens à Besançon n’est pas encore vraiment venu. Ce sera un peu plus tard, surtout après la première guerre mondiale. La conclusion de l’auteur est que les cinq grands traits de l’immigration italienne en France relevés par Pierre Milza pour cette période se retrouvent en Franche-Comté : une immigration masculine, de jeunes célibataires, ouvrière et peu qualifiée, temporaire, nomade.
Contribution de Pierre Kerleroux (agrégé d’histoire, ancien professeur): Résumé d’un mémoire de DEA d’italien, 1994, Université de Franche-Comté, Nathalie Filali Sadki. 139 pages+67 pages d’annexés.