L’immigration en Bourgogne aux 19e et 20e siècles

Un article de synthèse, très légèrement actualisé, de l’étude historique « Histoire et mémoire des immigrations en région Bourgogne aux 19e et 20e siècles» avec la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon, dans le cadre de l’appel d’offres ACSE « Histoire et mémoires des immigrations en régions (2005-2008) ». Puis une déclinaison des producteurs de savoirs historiques et mémoriels sur l’immigration en Bourgogne au moment de la rédaction de l’étude et enfin, en forme de perspective, une réflexion sur la confrontation nécessaire des connaissances sur l’immigration régionale.

Chinois à la poudrerie de Vonges en Côte-d’Or, 1e guerre mondiale. Fonds PJ Derainne

Si des étrangers parcourent déjà la Bourgogne sous l’Ancien régime, c’est bien le XIXe siècle qui marque le développement de l’immigration dans la région. Le nombre d’étrangers y croît globalement pendant deux siècles, avec de fortes hausses durant les périodes 1876-1881, 1916-1918, 1920-1930 et 1950-1980. Ils sont moins de 5.000 en 1851, environ 10.000 en 1881, 53.000 en 1931 et ils culminent à près de 90.000 en 1975. Par la suite leur nombre décroît régulièrement pour se stabiliser dans plusieurs grandes villes au cours des années 2000 et même remonter dans des villes comme Dijon ou Chalon-sur-Saône.

Usine de Premery Nièvre Carbonisation du bois fondé par les frères Lambiotte, Belges en 1886

Mais ces migrations ne couvrent pas de la même façon l’ensemble du territoire bourguignon. Pendant le XIXe siècle, la Côte-d’Or est le département le plus captif devant la Saône-et-Loire et l’Yonne. Mais à partir de la guerre 1914-1918, c’est la Saône-et-Loire, plus industrialisée, qui accueille le plus d’étrangers devant la Côte-d’Or et l’Yonne. La Nièvre, très rurale, arrive quasiment constamment en dernière position malgré quelques fortes concentrations d’étrangers sur certains sites industriels, notamment aux mines de La Machine (Nièvre) durant l’entre-deux-guerres. Globalement, la Bourgogne est une région moyenne en métropole en terme de présence étrangère : en 1891, la Côte-d’Or et la Saône-et-Loire se placent respectivement par leur nombre d’étrangers en 35ème et 45ème position au sein des départements français. En 1926 et 1931, les quatre départements ne sont présents ni dans les 10 qui comptent le plus d’étrangers pour 10.000 habitants ni dans les 10 qui en comptent le moins.

Usine de carbonisation du bois à Prémery dans la Nièvre fondée en 1885 par des Belges, les frères Lambiotte. Début du XXe siècle. Fonds PJ Derainne

Les grands courants migratoires
Au XIXe siècle, l’immigration est quasi exclusivement européenne, composée surtout d’Allemands, d’Italiens et de Suisses et dans une moindre mesure de Belges. L’intervention de l’Etat dans le recrutement de la main-d’œuvre pendant la guerre 1914-1918 provoque une extension des zones de provenance avec l’arrivée de Chinois et de Maghrébins ainsi que d’Espagnols et de Portugais. Durant l’entre-deux-guerres, la Bourgogne connaît une nouvelle poussée de l’immigration d’Europe du Sud (Italiens surtout ainsi qu’Espagnols et Portugais) et d’Europe de l’Est (Polonais en majorité, Tchécoslovaques, Russes et Yougoslaves). L’immédiate après guerre est marquée par une nouvelle vague de migrants italiens, espagnols et algériens, suivie dans les années 1970 par une arrivée massive de Portugais et de Marocains qui représentent depuis le début des années 1980 les deux plus grosses composantes étrangères de la région. Le dernier courant notable est l’immigration turque qui s’accroît progressivement après 1970.

Une répartition inégale sur le territoire bourguignon
Le déploiement de chacune de ces migrations n’est pas uniforme, la Bourgogne, région administrative, n’ayant pas d’unité économique. Au XIXe siècle, les Suisses par exemple se dirigent surtout vers la Côte-d’Or et les Belges vers l’Yonne. Durant l’entre-deux-guerres, Russes et Chinois se concentrent en Saône-et-Loire du fait de l’emploi procuré par les usines Schneider ; au début des années 1920, ce département est ainsi le premier en France en terme de présence chinoise. Pendant les deux dernières décennies du XXe siècle, les Marocains résident surtout en Côte-d’Or et dans l’Yonne moins en Saône-et-Loire alors que les Algériens demeurent au contraire relativement nombreux dans ce dernier département. On pourrait encore citer au cours de cette période l’exemple des Tunisiens qui s’établissent en grande majorité en Saône-et-Loire et plus précisément à Chalon-sur-Saône.

Une immigration de travail
L’immigration en Bourgogne est essentiellement une migration de travail. C’est pour travailler et compenser le manque de bras dans l’agriculture et l’industrie que pendant tout le XIXe siècle et une grande partie du XXe siècle des étrangers arrivent dans la région. Cela signifie que l’histoire de l’immigration ne peut se détourner de l’étude des mondes agricole et industriel et vice versa. En matière industrielle, il faudrait pouvoir étudier de façon comparative les stratégies de recrutement des entreprises, à l’instar de la recherche de David Peyceré sur les houillères de La Machine1, de même que les rapports qu’elles entretiennent avec les autorités et notamment leurs réactions quand les politiques de restriction du marché du travail sont trop fortes (années 1930 par exemple). Aussi bien d’ailleurs les gros établissements industriels comme Schneider au Creusot (devenus SFAC après 1945 puis Creusot Loire), les Houillères de Blanzy, l’usine Montbard-Aulnoye (devenue Vallourec en 1957)… que les entreprises plus modestes, briqueteries, tuileries, verreries, sucreries, scieries, carrières de pierre et autres qui parsèment le territoire bourguignon et dont beaucoup disparaissent après 1945. C’est pourquoi nous avons voulu citer dans l’étude un grand nombre d’entreprises ayant eu recours à la main-d’œuvre étrangère2. En comparant le recrutement de quelques unes, nous n’avons pas décelé de stratégie d’ensemble du patronat local, d’où des effectifs étrangers qui peuvent varier fortement d’une entreprise à une autre en fonction des contextes socioprofessionnels locaux. Dans les années 1870, les houillères de Blanzy se ferment par exemple aux ouvriers étrangers à la suite des protestations anti-italiennes de 1867, tandis qu’à quelques kilomètres, les établissements Schneider au Creusot se tournent massivement vers la main-d’œuvre transalpine avant d’interrompre à leur tour, provisoirement, ce recrutement avec la crise du début des années 1880. Ces stratégies de recrutement distinctes – qui expliquent aussi les différences de composition interne de la main-d’œuvre étrangère – peuvent concerner une même branche industrielle. Dans la métallurgie côte-d’orienne au début des années 1920, Montbard-Aulnoye utilise, entre autres, une filière algérienne ce qui ne semble pas être le cas de la SOMUA à Montzeron ni même de Pétolat à Dijon. En revanche Montbard-Aulnoye et Pétolat se tournent conjointement vers les travailleurs russes.

Les statuts des migrants
La Bourgogne connaît une prolétarisation progressive de la main-d’œuvre étrangère : vers le milieu du XIXe siècle, les ouvriers étrangers, allemands, suisses et même italiens, sont pour une bonne part – mais pas exclusivement – artisans ou travailleurs d’usine qualifiés (dans la métallurgie notamment) ; mais ils vont être progressivement supplantés par une masse d’ouvriers et d’ouvrières peu ou pas qualifiés arrivant par vagues, notamment durant les années 1920 et la période1950-1970.

Ceci ne doit pas occulter le fait qu’une frange de l’immigration est composée d’entrepreneurs, souvent anciens ouvriers : Allemands, Suisses et Italiens au XIXe siècle, notamment en Côte-d’Or, Italiens encore durant l’entre-deux-guerres, oeuvrant surtout dans le bâtiment et l’exploitation du bois, Portugais et Turcs à la fin du XXe siècle, dans le bâtiment. Le commerce attire également quelques étrangers, comme l’illustrent ces Espagnols de Côte-d’Or tenanciers d’épiceries et de cafés durant l’entre-deux-guerres. Ces patrons, dont une grande part demande rapidement la naturalisation, jouent souvent un rôle dans la présence locale des ouvriers étrangers. Soit parce qu’ils recrutent directement des travailleurs dans leur région de naissance soit parce qu’ils accueillent des ouvriers compatriotes au cours de leur périple professionnel en France.

La question du déplacement
Au XIXe siècle et même durant l’entre-deux-guerres, seule une fraction de la masse d’étrangers qui vient travailler dans la région, choisit de demeurer sur place. Les autres la quittent après un séjour plus ou moins long pour se diriger vers les pôles parisien et lyonnais, vers d’autres aires urbanisées comme l’agglomération grenobloise ou encore vers des sites industriels, des carrières ou des chantiers éloignés des villes… Ils sont attirés par les « lumières » des grandes villes, les salaires plus élevés et les concentrations de compatriotes… Aux départs vers d’autres régions de France, il faut ajouter les retours vers les pays de provenance qui sont accentués par les grandes crises économiques et sociales, les conflits internationaux et l’intervention de l’Etat dans la protection du travail national. On peut à ce sujet distinguer quatre moments de reflux ou de stabilisation : les années 1848-1850, 1890-1915, 1930-1940 et le tournant du XXe siècle, après 1975. Ces crises provoquent des départs mais elles entraînent aussi, dès 1848, un besoin de protection qui se traduit par une hausse des demandes de naturalisation.

Les ouvriers étrangers, notamment les célibataires, sont particulièrement mobiles surtout en période de manque de main-d’œuvre. Il faudrait mieux connaître, en s’aidant par exemple des diverses pièces d’identité qui indiquent les lieux de destination ou en comparant des registres du personnel, les pratiques et les logiques circulatoires des travailleurs étrangers, les circuits qu’ils empruntent, les relais dont ils disposent. Nous avons mis en lumière durant l’entre-deux-guerres des fractions de circuits concernant des manœuvres de l’industrie ou des bûcherons : par exemple entre des entreprises de Montbard, Vénarey-les-Laumes (Côte–d’Or) et les carrières de l’Yonne (manœuvre italien). Mais ces circuits s’effectuent souvent à l’échelle de la France entière : par exemple durant l’entre-deux-guerres entre Montbard et Vénissieux dans le Rhône (manœuvres espagnols ou algériens) ou bien entre les mines de La Machine et les mines de la Loire (manœuvres marocains) ou celles de Faymoreau en Vendée (mineurs polonais). Il semble à ce sujet que certains gros sites industriels qui connaissent un fort turn-over de main-d’œuvre étrangère jouent un rôle de « plaque tournante » : des travailleurs étrangers s’y rendent dans l’objectif d’y trouver un emploi provisoire ou de régulariser leur situation… C’est le cas des mines de La Machine ou de Montbard-Aulnoye, pour les Maghrébins notamment. Cette mobilité ouvrière est souvent un handicap pour les entreprises. Durant l’entre-deux-guerres, pour essayer de fixer les travailleurs, en tout cas ceux considérés comme les plus fiables, et créer une émulation au sein du personnel, des entreprises interviennent auprès des autorités en faveur de l’introduction de certaines familles d’ouvriers étrangers (Polonais, Russes…).

L’habitat « éclaté » des étrangers
La thématique du travail est indissociable de celle de l’habitat. La grande diversité des formes de logements fait apparaître soit une concentration soit une dispersion des migrants étrangers dans l’espace. Les hôtels et cafés dans les villes et les communes industrielles sont utilisés durant les XIXe et XXe siècles par nombre d’ouvriers célibataires. A partir de la guerre 1914-1918, au Creusot, à Vonges, à Montbard… des entreprises privées ainsi que l’État érigent des « cantonnements » et vastes dortoirs d’usine, à destination des ouvriers célibataires. Ce système d’hébergement perdure jusqu’aux années 1950. Au sortir de la seconde guerre mondiale, des foyers, de divers statuts, logent les étrangers, notamment la main-d’œuvre maghrébine. En ville ou près des sites industriels, les familles migrantes se tournent depuis le XIXe siècle vers les maisons qu’elles louent à des propriétaires locaux. Mais de véritables cités pour familles étrangères, surtout polonaises, voient aussi le jour durant l’entre-deux-guerres dans la région du Creusot et de Montceau-les-Mines, à l’initiative du patronat. La plus vaste est la cité des Gautherets bâtie au début des années 1920 par les Houillères de Blanzy et qui abrite dès 1926 plus de 2000 habitants. Sur d’autres sites industriels comme Selongey (Côte-d’Or) dans les années 1950, les familles de travailleurs immigrés sont plus dispersées au sein des logements patronaux. Dans les années 1960, certaines vieilles bâtisses délabrées sont achetées et restaurées par des familles d’immigrés d’Europe du sud à la lisière des villes ou dans des quartiers déshérités. Les plus pauvres se contentent de baraques, notamment dans la périphérie de Dijon (« bidonville » de La Charmette) ou à la campagne. A partir des années 1960, ce sont les grands ensembles qui vont progressivement accueillir une partie des familles étrangères, notamment maghrébines : cités des Grésilles à Dijon, du Stade à Chalon-sur-Saône, de la Grande Pâture à Nevers, de la Résidence à Mâcon….

Un processus d’intégration
L’immigration est majoritairement masculine depuis le XIXe siècle. Les hommes arrivent d’abord, les chefs de famille faisant ensuite venir leur compagne et leurs enfants. Mais certaines migrations sont plus féminines que d’autres : les Suisses et les Allemands sous le second Empire ou encore les Polonais durant l’entre-deux-guerres. Si de nombreux départs ont lieu, une partie ce ces migrants se fixe durablement en Bourgogne. Sur le long terme, c’est un processus d’intégration, au-delà des différences de provenance, d’emploi ou de logement, qui se dégage de l’histoire des étrangers en Bourgogne. Une sorte de lente absorption des hommes par l’espace produisant de l’homogénéisation culturelle et sociale. Mais ce processus ne doit pas masquer les protestations épisodiques contre les étrangers qui ont cours depuis 150 ans3 et les formes maintenues de ségrégation et de discrimination.

LES PRODUCTEURS DE SAVOIR SUR L’IMMIGRATION RÉGIONALE

Chinois dans un cantonnement du Creusot (Saône-et-Loire) pendant la 1e guerre mondiale.
Fonds Académie François Bourdon

Force est de constater que la thématique de l’immigration manque de visibilité en Bourgogne et n’est pas relayée par la plupart des ouvrages historiques destinées au grand public, y compris ceux qui évoquent le travail et la diversité de la population4. L’immigration ne fait pas partie de « l’imagerie » régionale dominante comme si elle n’avait joué aucun rôle sur le développement économique et industriel de cette région. Et pourtant, des savoirs existent que cette mission nous a permis de mieux cerner.

Le monde universitaire et la recherche
De 1945 à 2006, une trentaine de thèses, diplômes d’études supérieurs (DES), maîtrises, masters, articles de revues scientifiques est consacrée à l’immigration ou à un aspect de l’immigration… Mais l’accroissement de cette production n’est pas linéaire. De l’après guerre à 1979, les mémoires universitaires sur le sujet sont très rares (5 au total) et les revues de recherche en sciences humaines de l’Université de Bourgogne (économie et géographie) abordent peu cette question. Un accroissement sensible se fait jour entre 1979 et 1994, ces travaux étant menés principalement par des étudiants inscrits hors de Bourgogne (Paris et Lyon). Cet essor relatif, qui s’inscrit dans une croissance nationale des travaux scientifiques sur l’immigration, marque un élargissement des champs disciplinaires traitant des étrangers avec l’irruption de l’ethnologie, de la sociologie, de l’urbanisme et le renforcement de l’histoire au détriment de la géographie. Les années 1995-1999 voient un nouvel accroissement des productions universitaires, mais celles-ci sont cette fois majoritairement impulsées par des étudiants de l’Université de Bourgogne. En l’espace de quatre ans, sept maîtrises y sont soutenues, en histoire principalement mais aussi en sociologie, sciences de l’éducation et psychologie, ce qui dénote une sensibilité croissante des enseignants et des étudiants à la thématique migratoire5. Cet intérêt des enseignants et étudiants se manifeste également par l’organisation de séminaires et journées d’études liées plus ou moins directement à ce sujet6. Toutefois l’immigration demeure peu présente dans les jeunes revues de recherche historique de l’Université de Bourgogne. La période la plus récente enfin, les années 2000-2006, se traduit par une certaine stabilisation quantitative des travaux universitaires avec trois maîtrises et masters soutenus à l’université de Dijon, en histoire, LEA et sociologie, et un master à l’Université Sorbonne nouvelle à Paris.

L’Insee
La première revue de la Direction régionale de l’Insee, fondée en 1953 sous le titre Bulletin régional de statistiques, comprend des données quantitatives qui prennent très tôt en compte les étrangers. A partir de la fin de l’année 1970, la revue Dimensions économiques de la Bourgogne s’ouvre encore plus nettement à la thématique de l’immigration : au moins 10 articles sont publiés entre 1972 et 1981. Significatif de cette préoccupation nouvelle, l’article de septembre 1977 intitulé « Bourguignons qui êtes vous ? » qui prend en compte l’immigration dans les caractéristiques fondant l’identité de la population régionale. On observe toutefois à partir des années 1980 un recul de la place accordée aux étrangers dans les publications de l’INSEE Bourgogne, même si paraît en 2004, en partenariat avec le FASILD, un « Atlas des populations immigrées en Bourgogne »7.

Les écoles professionnelles
Nous pensons ici surtout à l’IRTESS Bourgogne établi à Dijon (Institut Régional Supérieur du Travail Educatif et Social) dont les étudiants soutiennent souvent des mémoires en lien avec l’immigration, notamment sur la vie en foyer (structures municipales d’hébergement, CADA, CHRS…). Ces travaux ne sont certes pas des recherches sociologiques mais ils peuvent contenir quelques éléments précieux sur l’histoire d’un foyer, des données chiffrées sur la population hébergée (nombre, ventilation par nationalités…), des extraits de témoignages oraux ou des reproductions d’articles de presse.

La presse
Au XIXe siècle, les articles consacrés aux étrangers en Bourgogne sont assez rares et sont publiés souvent à l’occasion d’événements particuliers, rixes, grèves, assassinat… La main-d’œuvre étrangère est également évoquée durant la première guerre mondiale, sous l’angle là encore de faits divers ou bien de l’exotisme (Chinois). Durant l’entre-deux-guerres, l’arrivée des réfugiés espagnols et les conditions de leur accueil donnent lieu à plusieurs articles sur fonds d’opposition politique entre journaux de gauche et de droite. Après 1945, les étrangers sont de nouveau régulièrement évoqués soit sous l’angle statistique, à partir de données recueillies auprès des préfectures ou de l’INSEE, soit à travers diverses enquêtes, relatives par exemple aux conditions de logement. En 1970, la presse locale et les liens qui la relient à la presse nationale jouent un grand rôle dans la forte médiatisation de la mobilisation du curé de Trouhans (Côte-d’Or) en faveur des ouvriers turcs d’une filature textile. Au tournant du XXe siècle, les articles vantent souvent l’intégration des immigrés en Bourgogne à travers des portraits symbolisant la réussite professionnelle ou sociale ou des enquêtes comme celle proposée en mars et avril 2007 par le Bien public à propos des Portugais, Espagnols, Suédois, Marocains… dans la région.

Les associations
Les savoirs historiques et mémoriels sur l’immigration produits par les associations sont quantitativement faibles et émanent de plusieurs types de structures. D’abord les associations que l’on peut qualifier « d’étude locale ». Leur apport est ancien. Dès 1930, les éditions de la Physiophile, à Montceau-les-Mines, publient la recherche d’un érudit local sur les Polonais du bassin de Blanzy, le docteur Léon Laroche. Mais cette étude n’est pas suivie d’effet : durant tout le XXe siècle, on peut évaluer à moins d’une dizaine les articles consacrés aux étrangers publiées par les associations de ce type en Bourgogne. Ces rares travaux concernent en majorité les migrants européens et plus précisément les Polonais, réfugiés du XIXe notamment. Depuis peu toutefois, quelques autres structures se penchent sur les étrangers durant la seconde guerre mondiale. C’est le cas notamment de l’ARORY (Association pour la recherche sur l’Occupation et la Résistance dans l’Yonne) qui a collecté quelques témoignages de résistants étrangers ou fils d’étrangers et qui a consacré une partie de son récent CD Rom sur l’histoire de la Résistance, aux camps d’internement de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes et Saint-Denis-lès-Sens. Les Amis du Châtillonnais ont recueilli quant à eux, en relation avec l’association le Souvenir français, quelques témoignages et photos sur les « tirailleurs sénégalais » prisonniers des Allemands, travaillant dans les fermes locales durant la seconde guerre mondiale.

On trouve ensuite des associations que l’on peut qualifier de socio-culturelles qui proposent des initiatives qui s’inscrivent davantage dans le champ mémoriel qu’historique. La démarche en effet laisse de côté le travail critique et la confrontation des sources et met l’accent sur la parole des immigrés dans une optique de renforcement local du lien social et du vivre ensemble. La Mère en Gueule à Montceau-les-Mines qui a pour objectif de valoriser l’histoire sociale du bassin minier par le théâtre, consacre ainsi en 2005 et 2006 deux numéros consécutifs de sa Gazette aux étrangers à partir d’ouvrages historiques et d’extraits de témoignages d’habitants qu’elle a recueillis. Le Centre francophonie de Bourgogne au Breuil qui vise à faire connaître les hommes et les cultures de l’espace francophone, effectue également une collecte de témoignages oraux qui donne lieu à la publication d’un ouvrage. La Maison de la Méditerranée à Dijonqui met en valeur l’espace méditerranéen et favorise le dialogue entre habitants des deux rives propose depuis 2007 de recueillir des témoignages et archives sur les habitants du bidonville des Charmettes à Dijon et les réseaux qui les ont soutenus. Au jardin du savoir à Sens qui travaille au service des habitants du quartier HLM des Chaillots, recueille archives et témoignages sur le passé du quartier et tente de les restituer sous forme de CD Rom.

Troisième groupe, les associations d’anciens combattants. Une seule pour le moment, le Souvenir français, a engagé une action mémorielle d’ampleur concernant les étrangers en Bourgogne : il s’agissait de raviver la mémoire des 12 soldats coloniaux fusillés en juin 1940 à Châtillon-sur-Seine par les soldats allemands. Son action a permis l’érection d’un monument commémoratif sur la nécropole du cimetière de la ville en octobre 2006 et la pose d’une plaque sur l’église locale inaugurée le dimanche 22 juillet 2007.

Quatrième groupe, les associations composées d’étrangers ou de personnes issues de l’immigration. A notre connaissance, celles-ci n’ont pas encore, elles non plus, engagé de travail historique ou mémoriel sur la thématique des étrangers. Une exception toutefois, l’association de folklore polonais Warszawa à Dijon fondée en 1959. Un de ses membres Jacques Miroz publie en 1979, en relation avec l’INSEE, une brochure sur l’histoire de l’immigration polonaise en Bourgogne. En 2004, le fondateur de l’association, Joseph André Parczynski, publie à son tour deux ouvrages : un à caractère autobiographique sur son enfance de « petit polak » à Dijon et un autre qui retrace l’histoire de son association.

Citons enfin les associations d’aide aux étrangers comme l’ex. SSAE dont la revue Accueillir a consacré en 1993 un précieux numéro aux étrangers en Bourgogne.

Les initiatives individuelles
On trouve ensuite des initiatives extrêmement diverses que l’on peut qualifier, faute de mieux, d’individuelles dans la mesure où elles sont décidées et conduites au départ par une seule personne en dehors de toute structure, ce qui ne les empêche pas de recevoir parfois au cours de leur déroulement une reconnaissance officielle.

Certaines combinent travail historique et volonté commémorative comme cette recherche menée au début des années 2000 par un enseignant à la retraite d’Is-sur-Tille sur le camp d’internement de Moloy en Côte-d’Or durant la seconde guerre mondiale où ont été enfermés des Tziganes et quelques étrangers. Effectuée non sans mal selon son auteur en raison du mutisme de certains témoins, elle a débouché sur la pose d’une plaque commémorative en 2005.

D’autres initiatives individuelles s’inscrivent uniquement dans le domaine de la mémoire et de la volonté commémorative. C’est le cas de l’action de M. Dillenseger, ancien militaire ayant participé à la Libération de Dijon, qui a proposé en 2004 d’insérer dans les cérémonies de commémoration du 60e anniversaire de la Libération de Dijon, la pose d’une gerbe au « carré musulman » du cimetière de Dijon devant les tombes de trois résistants musulmans fusillés le 31 juillet 1944.

On peut encore citer parmi les initiatives individuelles, les récits autobiographiques ou de biographie familiale effectuées par des étrangers ou des enfants d’étrangers. Ignacio Catalan rend ainsi hommage dans son roman Luna Lunera aux habitants d’Arnay-le-Duc qui ont accueilli sa famille réfugiée d’Espagne en 1937-1938. Remarquons que le développement d’internet favorise également la diffusion biographique. Il peut s’agir de quelques éléments très limités comme ceux que Daniel Auduc, responsable politique du Parti Socialiste à Montchanin, livre sur son blog à propos de son grand père immigré portugais qui travailla en France comme bûcheron. Parfois, il s’agit de textes plus longs comme celui de Pierre Ferrua, fils d’immigrés italiens et ancien chef d’entreprise qui évoque le milieu familial de ses parents en Italie, le départ, les conditions d’installation, le logement dans la région d’Epinac en Saône-et-Loire…

LA NÉCESSAIRE CONFRONTATION DES SAVOIRS

Ouvriers de la Cimenterie Six, à Bellenot-sous-Pouilly (Côte-d’Or) vers 1920. Photo aimablement transmise par Jean-François Bligny de la Société d’histoire de Semur-en-Auxois

Les savoirs publics sur l’immigration en Bourgogne sont disparates et lacunaires. Les travaux universitaires et de recherche portent par exemple majoritairement sur les migrants européens : les Hollandais sont ainsi étudiés à plusieurs reprises dans les années 1950, perçus comme modèle « d’immigration de valeur », les Polonais de Saône-et-Loire maintes fois après 1980, les Italiens et Espagnols après 1994. En revanche, seules deux maîtrises sont consacrées aux Maghrébins, en 1985 et 1999, et aucune aux Chinois et aux Turcs. Cela ne signifie pas que toutes les migrations européennes sont observées : l’immigration portugaise notamment, la plus massive depuis les années 1970 dans la région, n’a encore donné lieu à aucune étude universitaire.

La difficulté pour les chercheurs et étudiants résident d’abord dans le retard pris par l’histoire de l’immigration, du à une certaine cécité des sciences sociales qui perdure en Bourgogne jusque dans les années 1980. Cela a occasionné une relative opacité de l’étude de l’immigration quant aux groupes, aux lieux de travail et de résidence, aux formes d’emploi, aux itinéraires, aux modes de logements… D’où des objets d’étude assez larges dans l’ensemble. Pour ne prendre que quelques exemples choisis au cours du XXe siècle, l’emploi massif des Espagnols et des Portugais dans le bûcheronnage depuis la guerre 1914-1918 jusqu’aux années 1960 ou bien le recrutement de Marocains dans certains vignobles en Côte-d’Or ou dans la métallurgie à Saint-Florentin après 1970 ne « sautent pas aux yeux ». Pas plus que la reconversion professionnelle des Turcs dans le bâtiment dans la région de Saint-Jean-de-Losne dans les années 1980, la concentration des Tunisiens dans les cités HLM de Chalon-sur-Saône….

Ajoutons à cela une certaine forme de distance sociale et culturelle de l’étudiant qui, en matière d’histoire contemporaine de l’immigration, peut accentuer les difficultés de recherche pour rencontrer par exemple des témoins ou pour communiquer avec eux. Notons toutefois que cette distance arrive à être partiellement réduite par le fait que les étudiants de Bourgogne qui travaillent sur l’immigration depuis les années 1980 sont souvent eux-mêmes enfants ou petits enfants de Polonais, Italiens, Espagnols et Maghrébins8.

Cette confrontation concerne également les rapports entre l’histoire et la mémoire : la recherche historique à finalité scientifique et l’action mémorielle à finalité commémorative, sociale ou muséographique peuvent être complémentaires même si répétons le elles se situent dans des champs différents. Si l’histoire peut engendrer une action mémorielle elle peut tout aussi bien être stimulée par elle. La commémoration depuis peu des Maghrébins exécutés par les Allemands en juillet 1944 à Dijon met par exemple en lumière le besoin de recherche historique sur ce sujet.

Ces savoirs produits sur l’immigration à l’université sont donc incontournables mais ils ne se suffisent pas à eux-mêmes et doivent être confrontés à d’autres pôles de connaissances. L’immigration à Mâcon n’est par exemple abordée que dans une étude de 1979 publiée par l’INSEE sur l’économie de la ville9. La population étrangère des foyers est étudiée surtout par les éducateurs spécialisés qui y travaillent ou y effectuent des stages. Les Turcs à Mâcon n’ont donné lieu qu’à une seule recherche, émanant d’une association parisienne. L’histoire de l’immigration aux Grésilles à Dijon se limite surtout pour le moment au film du documentariste Jean-Luc Marino, Sainte Bernadette et les musulmans (2004).

Or on constate depuis peu que la mémoire collective à travers les actions publiques qui la nourrissent s’ouvre en Bourgogne à de nouveaux pans de connaissance incluant les migrations. On en a pour preuve, les différentes initiatives associatives évoquées précédemment ou le succès de l’exposition consacrée à la barre Billardon de Dijon « Mémoires de Billardon, fragments de vie », inaugurée en 2004 au musée Perrin de Puycousin à Dijon, musée il faut le noter qui ne s’était jusque là jamais ouvert à la mémoire des grands ensembles. Cette exposition à laquelle plusieurs habitants – dont des immigrés – ont participé en prêtant divers objets, accueillait déjà 5000 visiteurs en janvier 2005.

L’écho rencontré par la mission que nous avons menée auprès de différents bourguignons est également signe de ce besoin d’élargissement du contenu de la transmission mémorielle. Ainsi des lettres m’ont été adressées par quelques personnes âgées évoquant par exemple la présence des étrangers dans le vignoble Côte-d’orient ou l’arrivée des Turcs à Trouhans, des articles de presse m’ont été confiés par un ancien journaliste, des assistantes sociales en activité ou à la retraite m’ont fourni une aide pour rencontrer par exemple des témoins turcs… Une association comme la Maison de la Méditerranée a en outre profité de cette initiative pour ouvrir un chantier autour de la mémoire des migrations méditerranéennes en Bourgogne, organisant des soirées mémoires de femmes immigrées et lancer le projet « Bidonvilles, des carrières centrales de Casablanca aux Charmettes de Dijon ». J’ai été informé de surcroît de recherches récentes menées à Vénarey-les-Laumes visant à rendre hommage à deux soldats africains abattus en 1940. Toutes ces initiatives fragmentées sont le signe d’un travail de mémoire qui n’occulte plus en Bourgogne les migrations ; cependant, force est de constater que ce travail se heurte encore à plusieurs écueils qu’il convient ici de mentionner.

Le premier, déjà évoqué, est lié à l’imagerie régionale dominante et à la formation du patrimoine en Bourgogne qui marginalise et dévalorise encore fortement ce qui a trait à l’immigration régionale. De ce fait, les initiatives mémorielles sur cette question se réalisent souvent à « contre courant » et demeurent confidentielles. Ce manque de visibilité engendre à son tour une limitation des projets de la part d’opérateurs potentiels (associations locales, enseignants, centres sociaux…).

Le deuxième écueil concerne la conduite de projet. Des associations – par exemple des membres de la Mère en Gueule ou de jeunes animateurs de la maison de quartier du Stade à Chalon-sur-Saône – ont souligné durant cette mission leurs besoins de soutien méthodologique, en matière par exemple de repérage de sources d’archives écrites ou iconographiques, de mise à disposition de bibliographie relative au recueil et à la présentation de témoignages… Des associations ont aussi expliqué comment le manque d’appui technique les empêchait d’achever leur action, c’est le cas du travail sur la mémoire du quartier des Chaillots à Sens qui n’est toujours pas finalisé sous forme de CD Rom. Face à ces difficultés, les centres d’archives publiques et les historiens peuvent fournir des appuis précieux, comme l’a expliqué lors d’une intervention la directrice des archives départementales de Saône-et-Loire. Remarquons à cet égard que si l’ARORY a pu mener à bien son œuvre de CD Rom sur la seconde guerre mondiale, c’est que figurent en son sein d’anciens résistants, des archivistes, des historiens…

Le troisième écueil, lié au second, touche à la dimension conflictuelle du travail de mémoire, dimension qui n’est pas forcément prise en compte par les opérateurs associatifs ou individuels quand ils s’engagent dans un projet. Le travail mémoriel en effet ne va pas de soi ; il peut s’inscrire au présent dans un champ de représentations divergentes, voire d’oppositions. L’auteur du travail mémoriel sur le camp d’internement de Moloy sous la seconde guerre mondiale s’en est rendu compte progressivement : l’inauguration d’une plaque dédiée au camp a donné lieu à une certaine polémique dont la presse s’est fait l’écho ; quant à son étude écrite, elle n’a toujours pas été publiée. J’ai moi-même été confronté à cette difficulté à travers l’initiative menée avec la Maison de la Méditerranée à propos de la mémoire des Turcs arrivés dans le village de Trouhans dans les années 1970. Si des témoins Français ont manifesté de l’intérêt pour cette action, acceptant que je recueille leur témoignage, venant à la rencontre-débat organisée, d’autres ont montré une réticence à participer à une opération considérée là encore comme trop polémique. Cette réticence n’épargnait pas des Turcs de Trouhans et de Dijon ainsi que leurs enfants. J’ai pu constater à quel point le travail de mémoire cristallisait des oppositions entre générations, entre sexes, entre groupes ethniques ou religieux, entre familles… Revisiter ce passé en évoquant l’arrivée des Turcs dans la commune, l’installation des familles, le travail à l’usine, la fermeture des établissements industriels, la reconversion… loin de produire du consensus, faisait resurgir des événements, des drames, des rancœurs, un passé douloureux qui ne passe pas… Les réactions d’une jeune femme d’origine turque ayant grandi à Trouhans qui ne souhaitait pas témoigner pour rompre avec ce passé pesant mettent en lumière les dangers de l’injonction mémorielle adressée aux immigrés ou à leurs enfants, laquelle peut être perçue comme une forme d’assignation identitaire. Il nous semble sur ce point que la mise à distance de l’événement par l’Histoire peut éventuellement constituer une forme de protection pour les témoins. D’autre part que la dimension participative des immigrés, si elle est utile, ne doit pas être perçue systématiquement comme une fin en soi, dans la mesure où elle nécessite souvent des contacts tissés en amont du projet ou encore des relais personnels10.

En guise de conclusion
Revenons pour conclure à l’éclatement des acteurs travaillant sur l’histoire et la mémoire des immigrés en Bourgogne et à la relative invisibilité de leurs productions. Pour faire face à cette situation, une structure de recherche pourrait tout en travaillant sur ses propres axes scientifiques se situer à l’interface des producteurs de connaissances historiques et mémoriels. Elle serait à même de stimuler de nouvelles études, de confronter et relayer les savoirs produits, d’offrir des éléments de méthodologie, de faciliter l’accès aux données, de capitaliser les expériences… A l’issue de la mission commanditée par l’ACSE, c’était l’objectif d’un petit groupe de chercheurs et d’étudiants de l’Université de Bourgogne, réunis au sein du GREMIB (Groupe de recherche sur les migrations en Bourgogne). Le groupe a éclaté ensuite mais il est fort heureux que le site « Migrations-Besançon-Bourgogne-Franche-Comté », prenne en quelque sorte le relai en développant à partir de son expérience bisontine de multiples activités valorisant la dimension migratoire du territoire régional.

Extrait de l’intervention, Journée d’études Migrations et Mobilités en Bourgogne-Franche-Comté, Montceau-Les-Mines, 25 septembre 2020. L’histoire de l’immigration au Creusot-Montceau : une perspective régionale – Pierre-Jacques Derainne, Spécialiste des migrations en Bourgogne. Membre du Conseil scientifique Migrations BBFC

1 David Peyceré, Les mineurs étrangers en France entre les deux guerres : l’exemple de La Machine (Nièvre) de 1913 à 1940, thèse, Ecole nationale des Chartes, 1988.

2 Malheureusement, il faut reconnaître que les archives d’entreprise de la région ont pour une grande part disparu.

3 Protestations qui vont des manifestations et grèves sur les chantiers de travaux publics et les carrières de pierre au XIXe siècle au vote d’extrême droite à la fin du XXe siècle.

4 Voir par exemple, Côte-d’Or, Lumière de Bourgogne, Edition Bonneton, 1997.

5 Ces travaux ont été facilités, en matière de repérage archivistique, par un guide des sources réalisé par l’auteur de ces lignes et publié en 1996 par l’association Génériques sous forme de numéro spécial de la revue Migrance.

6 Citons notamment la journée d’étude « L’accueil des étrangers, l’hospitalité en question » organisée par Serge Wolikow au cours de l’année universitaire 1993-1994 ; le séminaire de DEA organisé en 1998-1999 par Francis Ronsin intitulé « Etrangers, nationaux, intégration ».

7 Notons en outre que l’INSEE aborde souvent la question migratoire à partir de la notion « d’immigré » ce qui pose un problème dans la comparaison des données statistiques du point de vue historique.

8 Ils ne motivent pas tous de la même façon leur choix. Remarquons également que le fait pour un étudiant d’être « issu de l’immigration » n’atténue pas forcément les incompréhensions lors d’entretiens. Voir les commentaires de Gérald Contini sur sa propre expérience, Contribution à l’histoire de l’immigration. Les Italiens en Bourgogne (1870-1945) maîtrise, Université de Bourgogne, 1999, p. 120. Il faudrait en outre se demander si dans la région l’absence de travaux universitaires sur les immigrés portugais n’est pas liée à la moindre représentation universitaire des jeunes issus de cette immigration.

9 Pierre Audibert, « Mâcon, La croissance menacée », Dimensions économiques de la Bourgogne, n° 10, juillet-août 1979.

10 Les étudiants de l’ENESAD qui ont récemment évoqué par un film comment le travail des immigrés maghrébins a modifié le paysage rural en Côte-d’Or ont été confrontés au même problème : s’ils ont pu faire témoigner un ancien chef de culture d’une entreprise viticole qui a expliqué le recrutement du point de vue patronal, leurs tentatives auprès de ses anciens ouvriers marocains sont restés vaines.

Auteur : Pierre-Jacques Derainne, docteur en histoire, Université de Bourgogne

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