Immigration et travail à Besançon (depuis 1945)

Depuis la 1° Guerre mondiale, événement fondateur sur cette question, et jusqu’aux années 70, l’appel à la main d‘oeuvre étrangère a été une constante de l’économie française. Besançon n’échappe pas à la règle.


Sans être un « copié-collé » de ce qui s’est passé au niveau national ni même au niveau de la Franche Comté, Sochaux – Montbéliard a sa propre histoire, la ville de Besançon a connu néanmoins, plusieurs vagues d’arrivée de travailleurs étrangers.

1945 à 1970

C’est une réalité dès les années 20/30 mais les flux les plus conséquents datent d’après la 2ème guerre mondiale dans les années 1950/70 : alors que le flux de travailleurs suisses pour les besoins de l’horlogerie bisontine décline, on note l’arrivée de  travailleurs  italiens, espagnols, portugais, maghrébins  au moment  du boom  économique de la ville et des grands chantiers immobiliers qui en sont le corollaire (construction des quartiers de Palente, Montrapon, Planoise ….).

Les Bâtiments et Travaux publics sont devenus les employeurs  n°1 de travailleurs immigrés. D’après une enquête de Colette Bourlier, en 1976, dans une des plus grandes entreprises de construction à Besançon, l’entreprise Lhéritier, sur un total de 290 salariés (tous des hommes, maçons pour la plupart), 94 sont Français, les 196 restant  représentent 10 nationalités différentes : 63 Portugais, 14 Italiens, 40 Marocains, 32 Algériens…Yougoslaves, Turcs ..


Ces travailleurs immigrés, quelque soit leur pays d’origine, et le secteur d’emploi,  fournissent aux entreprises bisontines une force de travail bon marché en terme de coûts, acceptant des conditions de travail et de vie déplorables. Ils pallient ainsi le déficit de main d’œuvre locale , malgré le fort exode rural,  évitent une surchauffe sur le marché de l’emploi non qualifié. C’est, de plus, une main d’œuvre docile car gérée à part  dans le monde ouvrier (plutôt protectionniste alors), à part dans le Code du Travail et peu intégrée dans les organisations syndicales.
N’oublions pas non plus les économies substantielles à la collectivité : une main d’œuvre immédiatement employable, solide, motivée et … célibataire. (P.S. : on pourrait néanmoins s’interroger sur les effets en terme de modernisation, donc de productivité, de l’appareil de production. Il y a peu d’étude sur ce point).

En échange de quoi ( ?! ), la plus grande partie des immigrés, progressivement, se sont installés dans la ville ou les environs, souvent dans les quartiers qu’ils ont contribué à construire.  Ils ont fait venir leur famille, ont appris la langue, certains ont même monté leur petite entreprise …..
Sans nul doute, l’intégration s’est faite par le travail.

1980 à nos jours

Dans les années 80 et jusqu’à aujourd’hui,  le contexte économique en France a changé, à Besançon aussi. La mondialisation de l’économie a entraîné des changements profonds dans les flux migratoires : dans l’appareil de production, des secteurs entiers disparaissent, d’autres sous traitent ou se délocalisent,  le chômage touche en priorité les travailleurs non qualifiés. A Besançon, par exemple, l’horlogerie a quasiment disparu, le BTP s’est fortement mécanisé et restructuré et … les grands chantiers immobiliers sont terminés.

Est – ce à dire que les entreprises bisontines n’ont plus besoin de main d’œuvre étrangère ?

Si les grandes vagues d’arrivées de travailleurs étrangers sont bien terminées,.- chômage oblige – la réalité est plus complexe, et  plus difficile à observer !
Il y a toujours des entrées de main d’œuvre étrangère : en quantité moindre, parfois qualifiée (voir très qualifiée), souvent non qualifiée,  immigration de la misère. Ils viennent de nouveaux pays (Afrique noire, Asie, Europe centrale …),  ils arrivent légalement, « la main d’œuvre  choisie »   et/ou  illégalement, « les travailleurs clandestins », une main d’œuvre  qui travaille dans des entreprises aussi disparates que l’hôpital ( médecins), l’Université (chercheurs) ou dans des entreprises de nettoyage (personnels d’entretien ..) , de restauration, dans le bâtiment dans des proportions moindres, sans oublier les filières de  prostitution (les filières d’Europe centrale sont importantes sur Besançon). Ils travaillent avec un contrat ou sans contrat.

Immigration de la misère souvent, combien sont-ils à Besançon  ? Combien sont employés  en arrivant ? Il semble bien, en tout cas, que certaines  entreprises cherchent à  entretenir  une précarité particulière  – à côté  de la précarité réglementée (CDD …) –  y compris dans une situation de non droit – pour de « soi disant » gains de  compétitivité.. Quelles en seront les conséquences  au niveau économique et social ?

Contribution de Françoise Berçot, professeur d’économie à la retraite.

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