Italiens des Trente Glorieuses

A la fin de la guerre, les destructions sont considérables et l’on a grand besoin de bras pour rebâtir. De nombreux travailleurs étrangers, Italiens en tête, arrivent en masse pour « remettre la France sur pieds ».


Lors du recensement de 1946, il y a 1863 étrangers à Besançon et les Italiens sont toujours majoritaires (810) devant les Suisses (570) et les Polonais (133). Les quartiers « préférés » des Italiens restent ceux d’avant-guerre, la Madeleine et Battant. Il ne s’agit plus uniquement d’Italiens du Nord mais également d’Italiens du Centre et du Sud. En 1950 ils constituent la communauté étrangère la plus importante, suivie par les Algériens et les Espagnols. Ils travaillent essentiellement comme maçons et terrassiers dans les multiples chantiers qui jalonnent la ville.


Lors du recensement de 1954, il y a 1017 Italiens à Besançon et 6002 dans l’ensemble du département. Près de 30% (301 personnes) habitent dans la zone Arènes / Battant (désormais unifiée et appelée  2ème secteur) : on y trouve ainsi des Cerutti, Cola, Lietta, Lombardelli, Minervini, Monassi, Ruffini, Tonino etc. Près de 27% (soit 277 personnes) habitent dans la zone dite extérieure formée par les quartiers de Rosemont / Saint Ferjeux, de Montrapon / Montjoux et de Saint Claude / Palente : la ville est en pleine expansion et le centre-ville commence à devenir trop étroit.


La plupart travaillent dans le secteur du bâtiment. Dans l’annuaire téléphonique du Doubs de 1956, sur les 28 entreprises spécialisées dans la construction et dans le bâtiment à Besançon, près d’une vingtaine possèdent des noms italiens tels que Bianchi, Bonsignori, Contini, Lorenzon, Rodari etc.
Le régime fasciste n’est plus en place en Italie mais l’adaptation et l’intégration à la vie en France ne s’effectuent pas sans problèmes. Les préjugés, les insultes comme « Rital » et « Maccaroni » et une certaine forme de racisme demeurent encore fortement ancrés.

Les Italiens forment le premier groupe étranger jusqu’au recensement de 1968 (2300 personnes) mais Aimé Bouilly et Colette Bourlier estiment, dans leurs mémoires de maîtrise respectifs, que, dès 1965, il n’y a quasiment plus d’arrivées de travailleurs italiens, hormis quelques Calabrais et Siciliens.


Ces quelques lignes ont permis de souligner le rôle essentiel joué par l’immigré italien dans l’évolution de Besançon au cours des deux derniers siècles : beaucoup se sont bien intégrés à la vie en France mais souvent au prix de grandes souffrances et de grands sacrifices. Au-delà des chiffres, des archives, des livres et des théories, il ne faut absolument pas oublier qu’il s’agit avant tout d’une histoire d’hommes et de femmes qui, pour une raison ou une autre, ont quitté leur pays pour refaire leur vie dans un autre. C’est pourquoi il serait particulièrement important de pouvoir compléter cette présentation, qui est, par ailleurs, loin d’être définitive, par des témoignages et des récits de vie et ce texte se veut être avant tout un appel à contribution à tous les Italiens de Besançon et à leurs descendants.

Nous tenons à remercier chaleureusement Colette Bourlier pour nous avoir fourni les données très précises des recensements de 1936, 1946 et 1954 ainsi qu’un exemplaire de l’annuaire téléphonique du Doubs de 1956.

Frédéric Spagnoli (Docteur en Italien et docteur en Sociologie et petit-fils d’immigré italien)

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