Une élève du lycée Victor-Hugo de Besançon, originaire de la République serbe de Bosnie, témoigne du parcours qui l’a amenée en France en 2001.
J’ai pris un bout de papier pour raconter un peu la vie par laquelle je suis passée jusqu’à aujourd’hui et pour offrir la chance aux autres de la lire. Ce sont les problèmes et la misère qui me poussent à le faire.
Je suis née le 21 juillet 1987 à Sarajévo, Bosnie et Herzégovine. Avec mes parents et mon frère, j’habitais dans mon village, commune Milici, jusqu’en 1992. Au printemps 1992, début d’avril, nous partons à Sarajévo en raison d’une fête, chez le frère de ma mère qu’on avait envie de voir aussi. Moi j’avais que 4 ans et demi. Je n’ai jamais pu imaginer ce qui m’attend dans la vie, mais j’étais très petite pour y penser et penser que je ne pourrai jamais retourner dans notre village et maison. Tout le reste de l’histoire était difficile.
La guerre commence, il y a des bombardements partout, de tous les cotés. Moi, avec mes parents et beaucoup d’autres gens, nous fuyons dans des cours pour se cacher des bombardements. Dans cette foule de gens, il y avait encore beaucoup des enfants, c’était l’horreur ! Depuis, je n’ai jamais retrouvé le sommeil et je ne sentais plus la joie. La situation devenait de chaque jour de plus en plus difficile, et de chaque jour en jour il y avait de moins en moins de la nourriture ; la faim commence. Les années passaient dans ces conditions difficiles, sans nourriture, eau, électricité, etc… Nous nous déplaçons, nous sommes réfugiés sans aucune chance et malheureux. Nous vivions comme çà, tous les jours en espérant mieux. On n’a pas pu retourner dans notre village, car il a été déjà occupé, brûlé, détruit du coté des forces serbes, et de plus nous y risquons des représailles, maltraitances, mort…
On a changé d’hébergement plusieurs fois, car nous n’avons pas pu rester chez le frère de ma mère, l’appartement était petit et nous étions beaucoup.
Je regardais ma mère pleurer pendant des jours, et moi je pleurais car ça me faisait mal de la voir dans cet état dans lequel elle se trouvait, et tout çà à cause de nous, moi et mon frère. J’ai demandé à ma mère s’il existe des enfants qui vivent tranquillement et sans problème, elle m’a répondu que oui.
Nous sommes arrivés en France, en février 2001. Moi et mon frère nous avons commencé à aller à l’école, et çà me faisait plaisir. Je regardais autour de moi des enfants contents, pleins de vie et ça me donnait un espoir.
Mes problèmes continuent toujours. Depuis que je suis en France, j’ai déménagé sept fois, et c’est déjà la sixième année que je n’ai pu trouver la tranquillité.
Il n’est pas facile d’être réfugiée.
Aujourd’hui j’ai dix-huit ans et demi, je fréquente régulièrement l’école, et je suis au lycée général Victor-Hugo. Je veux devenir quelqu’un dans la vie malgré mon passé.
Témoignage de juin 2006.
Milići, Bosnie-Herzégovine
Besançon, France