François Zoomevele, la voix de l’Afrique…

Prendre la parole est une seconde nature pour François. Animateur à Radio Sud, l’agenda culturel quotidien et « Bonjour l’Afrique », chaque semaine, c’est lui.


Il veut ainsi informer sur toutes les cultures du sud, convoquant à l’antenne personnalités ou anonymes, mêlant musique et débats, sujets d’actualité et littérature, en lien avec divers correspondants journalistes, en France et en Afrique.

L’aventure radiophonique avait commencé en 1982 à « Strasbourg contact » où son riche parcours, sa libre parole et son ouverture aux autres avaient été remarqués. Depuis son arrivée en France en 1974 pour des études de philosophie, n’étant pas boursier, il aura touché à un large éventail de métiers. Il sera ouvrier en usine, employé de nuit dans une boulangerie industrielle, moniteur de colonie de vacances, videur de boite de nuit, animateur socio-culturel, éducateur …
Une expérience qui le mène tout naturellement à l’engagement syndical, politique, associatif et paroissial.

Attiré par la réputation d’une municipalité socialement active, il arrive à Besançon en 1992. Très vite il a envie de s’y investir en tant que citoyen. Avec l’aide de son épouse, il crée un centre culturel africain, à l’image des centres culturels français présents dans certaines grandes villes africaines, mais sans aides, sans subventions, il déposera le bilan après 4 années. Désireux de se doter des moyens de ses ambitions, il avait pourtant sollicité le soutien des gouvernements africains et des ambassades. Seules la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud ont apporté une modeste contribution. Grâce aux emplois aidés, 4 salariés et une vingtaine de bénévoles ont ainsi organisé diverses manifestations autour du livre, de la musique, de la cuisine. Un journal fut créé : « Makossa » et plusieurs personnalités dont Manu Dibango sont venues à la rencontre des bisontins dans ce cadre.

Après la liquidation judiciaire, il ne baisse pas les bras et crée la « Case des Cultures Africaines », toujours dans le but du dialogue entre cultures d’ici et de là-bas et de mettre en relation blancs et noirs. François a toujours plusieurs projets d’avance. Il rêve d’un lieu ouvert, un café culturel, lieu de rencontre des communautés, où les nouveaux arrivants seraient accueillis, où les isolés pourraient nouer des relations, il pense aussi aux difficultés rencontrées par les sans-papiers, les prostituées.
Comment, et où réunir ces gens ? Avec quels moyens ?

Son engagement au sein de la CIMADE le confronte aux problèmes que rencontrent les étrangers. Il y a beaucoup à faire, pour aider dans la recherche d’appartements, dans les démarches administratives, dans le soutien scolaire. Ce lieu pourrait accueillir des conférences, des films, des contes pour les enfants.
Une idée originale lui tient à cœur : souscrire de façon collective une assurance rapatriement en cas de décès. En effet, « c’est la honte pour un africain de ne pas être enterré dans son village, et ramener un corps au pays coûte très cher ! ».
Comment structurer tout cela ? Comment mobiliser les africains de Besançon ?
Comment faire participer les jeunes à ses émissions, les impliquer pour apporter leur musique, leur vécu ? Le bénévolat ne les motive guère …

Beaucoup d’énergie investie depuis des années, l’usure aussi , l’amertume n’est pas loin. D’autant que, professionnellement, François n’a pas trouvé à Besançon l’occasion de mettre son expérience et ses compétences à profit, en dehors du bénévolat. Il collabore régulièrement comme pigiste à « AMINA », le mensuel de la femme africaine, et à un hebdomadaire sur le web : www.ekilafrica.com .

Quand l’heure sera venue, il pense partager son temps entre la France et le Cameroun, ses 2 patries. Bien qu’ayant épousé une bisontine, il n’a pas demandé la nationalité française. « Je trouverais malhonnête de devenir français pour les avantages ! »*
En tant qu’aîné, des responsabilités de chef de famille l’attendent  au pays, ainsi que de nombreux projets , comme il en a toujours eu ….

Le code de la nationalité du Cameroun mentionne à l’article 31 de la loi du 11 juin 1968 : « Le camerounais majeur, qui acquiert ou conserve volontairement une nationalité étrangère, perd la nationalité camerounaise. » Le principe de la double nationalité n’existe pas au Cameroun.

Entretien avec Monsieur François Zoomevele. Propos recueillis par Geneviève Cailleteau le 1er décembre 2009

Cameroun

Besançon, France

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×