Une lycéenne de 1re STG, Éline Grillon, raconte l’histoire de son grand-père, né en Tunisie en 1927, de parents italiens.
Tout commence le 13 avril 1927 à Tunis, jour où est né mon grand-père sous le nom de Cavaglia Dominique Fernando. Ses parents s’appellent Cavaglia Augustin et Grech Maria, tous deux Italiens. Ils ont déjà émigré en Tunisie depuis quelques années lorsque mon grand-père vient au monde.
Avant lui, mes arrière-grands-parents ont eu un autre fils et une fille. Il vit avec ses parents, son frère et sa sœur dans une magnifique demeure luxueuse à Tunis. Il a des domestiques tunisiens à son service. Pendant son enfance, Dominique va à l’école où il parle le français couramment puisque la Tunisie est sous le protectorat français depuis 1881.
Puis la Seconde Guerre mondiale commence; nous sommes en 1939. Mon grand-père travaille dans les chemins de fer, il n’a que 12 ans. Le travail est pénible, mais il doit rapporter de l’argent à la maison, car en temps de guerre, même les plus riches souffrent. En 1941, un drame se produit. Alors que mon grand-père n’a que 14 ans, un obus tombe sur la demeure familiale, détruisant sa vie : son père et son frère meurent dans les décombres, et lui se retrouve blessé aux jambes.
Après ce grand malheur, sa sœur décide de changer de vie et de s’éloigner de la Tunisie. Elle émigre seule en France vers 1942. Mon grand-père continue a vivre seul avec sa mère à Tunis, sans argent, sans confort, sans luxe, tout ce à quoi il avait été habitué auparavant. Puis la Tunisie demande son indépendance et mon grand-père et sa mère sont donc obligés de quitter définitivement le pays. Ils vont émigrer vers la France en bateau. Dominique a alors 24 ans.
Ils arrivent à Marseille le 17 septembre 1951 pour prendre le train jusqu’à Mamirolle où habite sa sœur depuis neuf ans déjà. Elle va l’héberger avec sa mère pendant deux ans, après quoi, il va faire une demande d’appartement en HLM à Besançon. Sa mère va rester vivre avec sa sœur. Quelque temps après, mon grand-père trouve un travail dans une métallerie comme soudeur. Il a 30 ans. Par ailleurs, il rencontre la même année ma grand-mère, Jeannine Simon.
Mais malgré ce bonheur, Dominique regrette sa vie confortable en Tunisie. Le luxe et le soleil lui manquent beaucoup. En 1959, il se marie avec Jeannine, à Besançon, sa ville d’accueil, pour ne plus la quitter. Il a 32 ans. Dominique doit travailler dur pour gagner sa vie et ne retournera plus jamais en Tunisie car il n’a plus de biens, ni de famille là-bas. Sa place est maintenant en France avec sa femme. Il va avoir six enfants ; quatre filles et deux garçons qu’il élève du mieux possible.
Mon grand-père se découvre de nouveaux loisirs comme la pêche et la chasse dont il fait profiter toute la famille le dimanche après-midi. Malheureusement, il se fait prendre au jeu de la cigarette pendant toutes ces années. Il va même jusqu’à fumer deux paquets par jour. Il est atteint d’un cancer des poumons dont il décèdera le 2 janvier 1996 à l’age de 69 ans. Il repose aujourd’hui au cimetière de Besançon.
Tunisie
Besançon, France