Susana la polyglotte

Je suis arménienne, j’ai 25 ans et j’ai un Master pédagogie en anglais. Arrivée en France depuis un an et demi, passionnée par la France et la langue française, j’ai toujours souhaité apprendre cette langue. J’ai pris des cours de français au début dans mon pays ; mais je ne le parlais pas très bien.


Un jour j’ai eu la possibilité de partir en Belgique et visiter l’Europe, je l’ai fait donc par choix, et c’est là-bas que j’ai rencontré mon futur époux qui est aussi arménien et qui vit à Besançon depuis quelques temps.

Paysage d’Arménie

A ce moment là j’ai commencé à réfléchir sur la manière de venir en France légalement et réaliser un de mes rêves. Je me suis mise à chercher et j’ai trouvé un programme de jeune fille au pair, j’ai rempli le dossier d’inscription, et en un mois ma candidature a été retenue. Je suis arrivée en France en Haute Normandie, dans une petite ville  « Vernon »  pas loin de Paris. J’étais chez une famille française, je gardais leurs deux garçons. Je ne peux pas dire que c’était une expérience facile pour moi ; j’ai rencontré plusieurs difficultés, l’obstacle de la langue que je ne comprenais pas vraiment, habiter avec des personnes que je ne connaissais pas, être responsable de deux enfants. C’est tout un ensemble de choses nouvelles pour moi et qui ont été dures à vivre. Mais ma volonté était plus forte que tout, j’ai pu tenir jusqu’au bout pendant un an. Et j’essayais de venir chaque fois que je pouvais à Besançon voir mon amoureux ; heureusement avec le TGV ce n’était pas trop long.

Ensuite je suis venue habiter et me marier à Besançon
J’ai décidé de continuer mes études à l’université. J’ai passé un examen de TCF (test de connaissance de français) et maintenant je poursuis des études à l’université de Besançon en langues, littérature, et civilisation étrangères. En parallèle j’ai pu décrocher 2 CDI. Je donne des cours d’anglais une fois par semaine, et je travaille en temps partiel comme réceptionniste dans un hôtel 2 étoiles. C’est là où je dis que ma volonté était plus forte que tout. D’autant plus que quand je suis allée faire renouveler ma carte de séjour on ne m’a donné qu’un récépissé de 3 mois parce que je n’étais plus jeune fille au pair et j’ai eu peur de ne pas pouvoir terminer mon année universitaire et de devoir quitter mon mari qui, lui, ne peut pas retourner en Arménie.
Je parle plusieurs langues ; russe, arménien, anglais, français, j’ai appris le chinois aussi mais je ne le pratique pas souvent. Et maintenant j’apprends l’italien à l’université. Je suis une fan de langues     
C’est vrai que j’ai un master, c’est un bon niveau d’étude mais il n’est pas reconnu en France et moi j’ai toujours rêvé d’apprendre, perfectionner la langue française, et avoir un diplôme français et européen. C’est pourquoi j’ai choisi de venir en France. Et puis la vie en Arménie  n’est pas comme ici, même avec un diplôme supérieur, on a peu de chance de trouver le travail qui nous convient, et les salaires sont très bas. Aujourd’hui  je ne le regrette pas ; parce que grâce à cette expérience j’ai rencontré mon mari.

Nostalgie « «vive internet, skype… »

Heureusement qu’ il ‘y a internet aujourd’hui, je parle avec ma famille tous les jours, je peux les voir et discuter avec eux, j’ai l’impression qu’ils ne sont pas loin.

Paysage d’Arménie

Au début, j’ai eu du mal avec les attitudes des personnes qui sont si froides. Pas comme chez nous. Par exemple quand je gardais les enfants de la famille française, dans mon contrat, j’étais responsable de la garde des enfants. Et j’ai souvent pris l’initiative de donner un coup de main à la maison parce que j’étais élevée comme ça ; on s’aide entre nous. Au début on me remerciait, mais après j’ai senti un changement, comme si j’étais obligée de le faire, pourtant ce n’était pas mon travail. Je n’ai pas pu tenir longtemps et je leur ai dit, « je ne suis pas une femme de ménage » je me suis sentie rabaissée. C’est comme quand ils prenaient à manger, ils ne m’en proposaient pas alors que j’étais à côté d’eux ; cela m’a choquée.
Heureusement je ne m’arrête pas sur ces détails, maintenant j’ai ma belle famille qui est présente dans ma vie, qui me soutient et qui me donne le courage de continuer. Mon espoir c’est réussir mon avenir, et protéger mon amour.

Propos recueillis par Amal DAHMANI et Geneviève FOEX – Février 2014

Arménie

Besançon, France

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