Je viens de Naples, où j’ai rencontré mon mari qui, lui, est français. Je suis venue en France pour vivre avec lui.
Je suis arrivée à Besançon en janvier 2010, mais j’ai le sentiment d’avoir commencé réellement à y vivre en septembre.
De janvier à avril, j’ai passé beaucoup de temps entre l’Italie et la France, car je devais préparer mon mariage là-bas.
Et puis, mon idée principale en arrivant à Besançon était d’organiser rapidement ma vie professionnelle. En Italie, j’avais un atelier, je suis céramiste (artisan d’art et créatrice d’objets), mais également formatrice et animatrice d’ateliers pour enfants et adultes. J’avais donc très envie de poursuivre mon activité à Besançon. Pour cela, j’avais pour projet d’aménager un local appartenant au propriétaire de notre appartement et se trouvant dans le même bâtiment, afin d’y installer mon atelier.
Au départ, j’ai passé mon temps entre des murs, des planchers et un jardin que j’aménageais. Je n’ai donc pas pris le temps d’investir la ville et ses activités durant les premiers temps de ma présence à Besançon. De plus, nous avons eu beaucoup de soucis avec le propriétaire qui n’a pas tenu ses engagements. Tous ces problèmes m’ont empêchée d’être bien durant de longs mois et je ne savais plus, quel devait être mon projet ici. De plus, il nous a été, à mon mari et à moi, très difficile de trouver des réponses aux questions que l’on se posait tant au niveau administratif que juridique.
Ayant besoin d’être aidée au niveau juridique, je me suis renseignée auprès de l’ambassade d’Italie pour avoir des contacts sur Besançon et entre autres trouver un avocat compétent pour nous aider vis-à-vis du propriétaire du local. D’un point de vue judiciaire, il est très difficile de trouver quelqu’un qui parle la langue italienne. L’avocate répertoriée à l’ambassade et censée être bilingue, en réalité elle ne l’était pas. Et lorsque l’on trouve un avocat, le service est payant et parfois pas concluant.
Avec mon mari, nous sommes rentrés en contact avec différentes associations sur Besançon : Droit de la consommation, de la femme, immobilier etc. Mais, il fallait souvent payer un droit d’entrée et on n’a jamais obtenu les réponses adaptées. J’ai trouvé la solution avec mon formateur (Atelier de projet – ASEP) et un de ses amis avocat. Je n’ai pas parlé de tous les détails de mon expérience, mais j’ai trouvé beaucoup de soutien des amis français, qui m’ont donné leur aide pour construire mon projet.
Je suis membre de l’association bouddhiste Soka Gakkai Italienne ; par l’organisation italienne, j’ai facilement trouvé un groupe à Besançon. A travers l’association bouddhiste française j’ai noué mes premières amitiés. En septembre, j’ai commencé, à essayer de m’intégrer, avec l’aide de mon mari qui m’a accompagnée dans toutes mes démarches.
En fait, ce qui est très difficile à Besançon, c’est de savoir à qui s’adresser quand on a besoin d’une information. Il faudrait créer un organisme centralisateur. Pour un français, ce n’est pas simple, mais pour un étranger cela l’est encore moins.
A Pôle Emploi, la seule chose que l’on a su me dire a été : «Tu dois apprendre le français.» Concernant l’équivalence des diplômes, ça n’est pas simple non plus. Cela n’existe plus. On n’obtient qu’une attestation qui n’est valide que pour telle demande (pour un poste, par exemple). Pour une autre demande, il faut recommencer et cela est payant à chaque fois (70€) et attendre 2 mois. Si l’on veut que cela aille plus vite, il faut payer 200€.
Le premier obstacle à surmonter pour mon intégration étant la langue, j’ai commencé à apprendre le français, seule, à la maison, grâce à une méthode comprenant un livre et des cassettes. Mais, les résultats n’étant pas concluants, j’ai cherché à suivre des cours de français. J’ai tout d’abord commencé, en octobre à Planoise avec le CCAS, puis à l’ASEP en faisant un travail plus approprié à la réalisation de mon projet (atelier d’accompagnement au projet), en parallèle aux cours dispensés là-bas.
Même si je trouve que la ville de Besançon est bien organisée à de nombreux niveaux, il est par contre nécessaire de faire appel à un intermédiaire pour obtenir certains renseignements que l’on soit français ou étrangers.
Dans le cadre de mon «accompagnement au projet» avec l’ASEP, ma formatrice m’a accompagnée dans des expositions, au Bureau de Développement de l’Artisanat et du Commerce pour parler de mon projet initial (créer des souvenirs pour les musées du Doubs et de la France).
Également, nous avons pris ensemble des rendez-vous pour les financements de « prêt d’honneur ». En Italie j’ai ouvert mon atelier de céramique avec le « prêt d’honneur » et pour moi ce n’est pas facile à rembourser, 40% de l’investissement. Je me rends compte que la France n’est pas différente de l’Italie à ce niveau là et j’ai pris la décision de ne pas demander de financements.
En octobre 2009 ,avant de prendre la décision de venir en France, j’avais eu un contact avec le responsable du «Pôle des métiers d’art», à Ornans, organisme avec lequel il est possible d’obtenir beaucoup d’aides pour les artisans, mais il me semble qu’il n’existe pas un tel organisme à Besançon*.
Je suis également rentrée en contact avec la Maison de Velotte dans le cadre de mon projet « Présentation d’une idée de projet de décoration sur céramique », ainsi qu’avec le Foyer de Jeunes Travailleurs des Oiseaux pour faire une expo.
J’en arrive à la conclusion que la formation est peut-être le chemin le moins difficile pour moi pour créer des liens et travailler.
Concernant la ville en tant que telle, je fais une grande différence entre Planoise et le Centre Ville. Planoise ressemble un peu à un ghetto, mais il y a une grande diversité et une grande richesse au niveau des cultures.
Au Centre Ville, les gens n’ont pas « la vie en eux », ils mettent une distance, alors qu’à Planoise, on arrive à avoir des contacts. Cela ressemble un peu à Naples, ma ville d’origine.
En plus, le Centre Mandela fonctionne bien, même si je pense qu’on y trouve beaucoup de choses intéressantes uniquement pour des européens. Il faut construire des projets réellement utiles aux gens.
Pour les cours de français, par exemple, il faudrait faire de vrais groupes de niveaux, car c’est difficile de trouver un équilibre. Et pour l’enseignant, ce n’est pas facile non plus*.
Si je devais donner un conseil, je dirais par exemple qu’il faudrait monter un atelier d’accompagnement au projet comme à l’ASEP, en parallèle avec des cours de français, car cela permet d’y voir plus clair et d’avoir le courage d’initier une nouvelle vie.
A Besançon, seules les associations de quartiers sont accessibles au niveau prix, donc il est réellement nécessaire d’investir plus d’argent à ce niveau là, sinon on court à la catastrophe.
Pour les sorties, il faut proposer des activités dans la rue, pour faire vivre les cultures, mais ici c’est interdit. A Naples ça ne l’est pas ! La première chose à faire pour avoir un contact avec le monde, c’est la musique.
* A Besançon, elle aurait pu contacter l’association des métiers d’Art en Franche Comté, www.amagalerie.com 13 rue Rivotte. Tél 03 81 48 93 90, mafc@free.fr,
Interview de madame Angela Campanile, Italienne, en France depuis janvier 2010 réalisée en février 2011 réécrit par Christine Lyet.
Naples, Italie
Besançon, France