Le lieu de rencontre des italiens à Besançon était une très jolie maison, quoique peut-être un peu vétuste, située rue de Château Rose.
Je suis arrivée à Besançon en mars 1957, je n’avais pas tout à fait 11 ans.
Nous venions de La Chaux de Fonds, où nous avons habité pendant 3 ans. Mon père y était travailleur saisonnier dans la maçonnerie. Nous sommes d’origine vénète.
De même qu’en Suisse Romande, à Besançon nous étions surtout liés à des italiens, venus de toutes régions d’Italie.
Le lieu de rencontre des italiens à Besançon était une très jolie maison, quoique peut-être un peu vétuste, située rue de Château Rose.
Je n’ai jamais connu de cette maison que la pièce principale près de l’entrée. Je me souviens qu’elle était particulièrement peu meublée. Cette pièce avait été consacrée, selon le rite catholique, si bien que dans certains cas le frère capucin y célébrait des messes mineures.
La maison était flanquée d’un appentis qui comportait deux étages. Le rez-de-chaussée de cet appentis avait été transformé en bar. Il était essentiellement fréquenté par des hommes qui y jouaient aux cartes. Le frère capucin et les bénévoles hommes et femmes du « circolo italiano », ou plus précisément la Mission Catholique Italienne, y organisaient des rencontres festives à l’occasion des fêtes religieuses : Noël, Pâques, Pentecôte, Ascension etc… mais aussi assuraient un lieu d’accueil tous les dimanches.
Bien entendu tout cela se déroulait en italien ou en ce qui y tenait lieu : tout le monde ne maîtrisant pas parfaitement la langue nationale italienne. Il s’agissait donc d’une langue basée sur un italien scolaire parfois sommaire (je rappelle que la scolarité obligatoire pouvait s’arrêter à l’âge de 11 ans). Chacun donc se faisait comprendre, même en italien, en empruntant à son propre dialecte.
Pour des cérémonies religieuses importantes les offices étaient célébrés dans la chapelle du Couvent des Capucins, rue de la Cassotte. Je me souviens d’y avoir assisté à au moins un mariage et à au moins un office de Pâques.
Je pense avoir connu de 1957 à 1970 environ, 3 frères capucins italiens différents.
L’un d’eux s’appelait Padre Doroteo et le dernier Padre Pietro. Outre leur rôle spirituel, leur fonction était de servir d’agent consulaire pour tous papiers officiels : passeport, permis de séjour, extraits d’actes de naissance etc… Ils étaient en relation directe avec le Consulat italien de Dijon. En cas de besoin,. ces frères servaient également d’intermédiaire entre les immigrés italiens et l’administration française Ils intercédaient également avec quelques employeurs pour favoriser l’embauche, dans certains cas. Ils remplissaient donc le rôle que les services sociaux accomplissent actuellement.
Au début des années 1970, l’immigration italienne s’étant nettement ralentie, et l’organisation de la Communauté Européenne ayant subi des modifications, la présence des frères n’était plus indispensable . Ainsi, je me souviens qu’il se disait que Padre Pietro avait été nommé en Suisse Allemande.
Je ne sais pas précisément à quel moment la maison de la rue du Château Rose a été vendue.
On disait qu’elle avait été la copropriété des Frères Capucins, de l’Evêché et du Vatican.
Pour ce qu’on en voit actuellement depuis la rue, elle est devenue une très jolie copropriété.
Témoignage de Gigliola Borin, juin 2011
Venezia, Venise, Italie
Besançon, France