En 1974, la crise économique conduit le gouvernement français à suspendre l’immigration de travail, puis à instaurer, trois ans plus tard, une aide au retour d’un montant de 10 000 francs. Ce fameux « million Stoléru », du nom du secrétaire d’État chargé des travailleurs manuels et immigrés, est destiné à inciter les étrangers à regagner volontairement et définitivement leur pays d’origine. Il a toutefois un succès limité, y compris chez les Maghrébins, public particulièrement visé par la mesure. Dans la décennie suivante les sévères difficultés de l’industrie régionale et son corollaire la montée du chômage engendrent le départ de plusieurs milliers de travailleurs immigrés, qu’ils soient célibataires ou installés en famille en Bourgogne et en Franche-Comté depuis souvent de longues années. Parallèlement aux premières mesures de rigueur du milieu des années 1970, la France a en effet autorisé le regroupement familial, provoquant l’arrivée dans la région de nombreuses femmes accompagnées de leurs enfants. À la suite de certains mouvements sociaux initiés précédemment par leurs pères, ces jeunes de la seconde génération revendiquent, en 1983, une place à part entière dans la société française lors de la Marche pour l’égalité et contre le racisme reliant Marseille à Paris en passant par la région. Les crises politiques secouant notre monde ont aussi eu des répercutions en Bourgogne et en Franche-Comté. La région accueille par exemple des réfugiés du Sud-Est asiatique ou d’Iran à partir de la seconde moitié des années 1970, ainsi que des Algériens fuyant la guerre civile des années 1990 (dont de nombreux cadres et enseignants). Lors de cette même décennie 1990 et postérieurement arrivent également en Bourgogne et en Franche-Comté des réfugiés des Balkans, du Moyen-Orient et d’Afrique subsaharienne.
Stéphane Kronenberger