C’est dans la rue que Mohamed Guellati – comédien, metteur en scène, directeur de compagnie – a joué son premier spectacle en 1981. Tout sauf un hasard.
Se produire hors les murs permet d’aller chercher de nouveaux publics. Voir un public de théâtre fait de diversité culturelle est une recherche permanente pour cet homme de théâtre. En 1994, la compagnie de théâtre la Grave et Burlesque équipée du cycliste (GBEC), est créée. Il en est à l’origine. C’est alors un collectif avec plusieurs porteurs de projets. Les formes des spectacles le reflètent : spectacles de marionnettes, de mime, spectacles de rue, jeune public, auteurs contemporains, classiques … «Une série de créations assumée par ce collectif avec une grande idée de Théâtre populaire», nous glisse l’auteur. Toujours ce désir d’aller vers l’autre, celui qui est étranger au spectacle, qui ne fréquente pas les lieux. Quelques années plus tard, Mohamed Guellati deviendra le seul metteur en scène de la GBEC. Il poursuit ce leitmotiv d’ouverture théâtrale à travers une quête personnelle. L’envie de donner son point de vue, sur des sujets qui ont une résonnance en lui et pour d’autres, mais que l’on évoquait pour lui et les autres, se fait jour…Sur des sujets tels que l’immigration, l’identité, l’exil, la colonisation, l’occupation, Mohamed Guellati change de posture. D’écoutant, il devient homme de théâtre. Il propose alors «publiquement ces débats jusque là abordés en privé». «Né Algérien en France» Mohamed Guellati a ressenti ce besoin -inconscient tout d’abord- d’enquêter publiquement sur une scène de théâtre sur qui il est, d’où il vient. Essayer de cerner à quel point l’histoire nous détermine, lui enfant d’immigré prédestiné par le politique, les politiques des années 70. Avec son équipe, il poursuite sa quête de lui-même, de l’autre, de l’étrangeté. Il a décidé de prendre la parole par le théâtre et de dialoguer avec la France sur ces sujets qui sont aussi théâtraux. «C’est cela le drame parfois, ne pas avoir de témoignages artistiques, par exemple sur la Palestine », souligne Mohamed Guellati.
De l’individu au collectif, il n’y a qu’un pas, qu’une étape. Dans l’univers de la troupe, il n’y a pas de frontières, pas de sujets à évoquer à priori. Juste du théâtre à voir et à réagir. Un chemin à parcourir également pour ces comédiens qui mènent leur enquête, font état de leurs questionnements intérieurs dans un cadre défini par Mohamed Guellati. Il les mets en scène, les donnent à voir et entendre au théâtre pour susciter le débat, voir naitre le dialogue. Mohamed Guellati restitue ce travail d’enquête au public. Dans cette époque frileuse, certains dans le peloton n’osent évoquer ces sujets. Dans cette équipe point de tabous : on a besoin de débats, de connaître notre histoire, pour mieux créer ensemble. Leur dernière recréation « Naqba, en marchant j’ai vu… » est une suite logique de cette quête. Une aventure de compagnie, de troupe, une belle échappée sur les routes du monde. Le spectacle est alors langage, échange avec un public.
Mohamed Guellati est un passionné de théâtre, engagé et attentif. Pour s’en assurer, il faut aller à la rencontre de son théâtre. Et ainsi découvrir des thèmes universels qui jalonnent son parcours. Avec la GBEC ou d’autres compagnies, vous retrouverez peut être Mohamed Guellati, urbi et orbi, hors ou dans les murs, à côtoyer Shakespeare, Molière, Don Quichotte, Darwish et Schneider . Avec toujours la volonté de donner du sens au théâtre populaire et lui donner corps.
Mohamed Guellati, libre-homme de théâtre
Extraits d’un reportage réalisé par Aurélien Bertini (janvier 2009)
Le sens du mot culture
Regards
Naqba, la dernière recréation de la GBEC est un point de vue d’hommes et de femmes donné sur une zone de conflit. Mohamed Guellati nous questionne sur le rôle de l’artiste, et sur la nécessité d’avoir d’autres points de vue sur ces endroits du monde que ceux des politiques, des journalistes, historiens ou sociologues.
Des moteurs de son écriture au processus d’écriture.
Mohamed Guellati est un passionné de théâtre et rappelle que le propos de ses créations est le fruit d’une aventure de compagnie, d’une complicité entre comédiens. Une force d’équipe bâtie autour d’un dialogue permanent qui permet de poser un regard au-delà des frontières sur des évènements historiques.
De Naqba à la démarche globale de la compagnie.
Naqba est la suite logique d’une enquête menée par la compagnie depuis des années. Des spectacles qui traitent des questions identitaires, de l’exil, du pouvoir, de la domination, du déplacement, de la colonisation, de l’occupation, etc. Une enquête de compagnie reflétant la quête personnelle de son metteur en scène…
Parcours migratoire de l’auteur, cheminement personnel et d’homme de théâtre.
Né Algérien en France, il a suivi le retour de son père en Algérie vers 1975 avant même les premières aides au retour données aux immigrés par le gouvernement Giscard. Trois ans plus tard, en pleine adolescence, il décide de revenir en France. Il a eu ce besoin d’abord inconscient d’enquêter sur le qui je suis d’où je viens…un destin choisi par les politiques de l’époque, un destin particulier des algériens en France. Ces spectacles sont un suivi plus conscient de cette quête.
Une parole que Mohamed Guellati prend aujourd’hui en tant que metteur en scène, pour lui, pour les autres.
Retour au début des années 80 pendant lesquelles un chemin artistique se dessine. L’envie de mettre en scène, d’écrire, de se produire se fait jour. Il entre dans cette enquête. A ceux qui parlent de lui, il donne son point de vue au théâtre. Naqba, L’migri, Saleté… des spectacles dont le propos demeure toujours d’actualité. Le rapport de ces œuvres avec le public.
La signification de la Grave et Burlesque Equipée du Cycliste.
Visionner la vidéo de présentation du spectacle « Vous avez de si jolis moutons, pourquoi vous ne parlez pas des moutons »
Algérie
Besançon, France