Le dynamisme économique des deux décennies consécutives à la fin du second conflit mondial nécessite le recrutement d’importants contingents de travailleurs venus d’horizons toujours plus divers. Un nouvel Office National d’Immigration (ONI) voit le jour en 1945 pour faciliter ces arrivées, sans que l’immigration clandestine ne disparaisse. Dès l’immédiat après-guerre une nouvelle vague d’immigration italienne irrigue la Bourgogne et la Franche-Comté. Cette même Europe du Sud fournit ensuite à l’industrie et l’agriculture de la région des bras en provenance de l’Espagne de Franco et du Portugal de Salazar. La rive méridionale de la Méditerranée devient une autre importante aire géographique pourvoyeuse de main-d’œuvre, puisque l’arrivée croissante des Algériens, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale comme après 1962, est complétée plus tardivement par une significative percée marocaine et un apport plus modeste en provenance de Tunisie. La Décolonisation engendre parallèlement un autre afflux en provenance du Maghreb, avec l’arrivée des Rapatriés du Maroc, de Tunisie et d’Algérie, et celle des Harkis. Deux autres pays méditerranéens, la Yougoslavie de Tito et la Turquie, envoient des ressortissants en Bourgogne et en Franche-Comté à la suite de la signature d’accords d’immigration avec la France. L’arrivée de ces travailleurs immigrés, majoritairement célibataires ou ayant laissé leur épouse au pays d’origine, pose avec acuité la question de leur hébergement. Or le rythme de la construction des foyers est trop lent pour répondre à la demande. Comme dans les autres régions françaises, beaucoup de ces infortunés souffrent en Bourgogne et en Franche-Comté de dures conditions de logement. Ils vivent parfois entassés dans des habitats très insalubres voire de véritables bidonvilles, ce qui amène à relativiser et nuancer la prospérité de la période des Trente Glorieuses. Enfin à la suite de la répression de l’insurrection de Budapest de 1956 ou du coup d’État de Pinochet en 1973, la région donne enfin asile à des réfugiés hongrois et chiliens.
Stéphane Kronenberger