Témoignage de messieurs Zaid Bahba et Dubedda Bassou, anciens combattants

Monsieur Zaid Bahba est né en 1934 à Saouira au Maroc. Il vivait à Ouarzazate où il était éleveur de chameaux. En 1959, il est entré comme méhariste dans l’armée Française et est resté dans le Sahara Algérien jusqu’en 1964.


Il était dans la « 9 ème compagnie portée » sous le commandement du Capitaine Cosse et du commandant Moine.

Il est donc resté dans l’armée Pendant 5 ans. Il partait 7 mois durant sur les chameaux dans le désert Algérien. Bahba faisait la cuisine pour le commandant Reynaud.

Zaid Bahba

Monsieur Dubedda, lui, gardait le camion et faisait le déminage de la route. Pisteur, il regardait les traces au sol. Il raconte comment il faisait sauter les mines dans le désert. Il mettait son nom sur la mine parce qu’il avait une prime pour chaque mine. Quand il y en avait beaucoup c’est l’aviation Française qui s’en occupait. Eux ils ouvraient le chemin, « le sale boulot ». Toute la journée dans le désert en plein soleil à pied : derrière il y avait les véhicules de l’armée. 1 franc pour risquer sa vie. Il y avait beaucoup de mort mais s’était son choix.

Livret militaire

Ils étaient dans une caserne avec des militaires français engagés et des Algériens. Dubedda a été dans une autre caserne durant 4 ans. Après il s’est engagé en 1976 dans l’armée marocaine comme caporal. Il touchait 1000 dirams chez les Marocains, et 200.00 anciens francs par mois quand il était dans l’armée française pour faire le déminage.

Dubedda Bassou

Après l’Algérie les militaires français leur ont demandé de venir avec eux en France à Bourg en Bresse.

Après le Sahara, Babah vient donc en France. Mais un accord avec le gouvernement marocain oblige les militaires marocains à quitter l’armée française. On propose à Monsieur Bahba de rester en France avec un permis de travail.

Carte du Combattant

Mais il retourne au Maroc. C’est en 2003, lorsqu’il reçoit sa carte de combattant, qu’il revient en France : une lettre leur demande de venir en France s’ils veulent faire valoir leur droit à la pension d’ancien combattant. Cette carte leur permettra de rester en France.

Dubeda a lui aussi reçu sa carte d’ancien combattant en 2003 et sa carte de séjour.

Ils sont arrivés à Bordeaux où ils ont été logés pendant 3 mois, puis ils devaient choisir une ville en France. Ils sont venus à Besançon parce qu’ils y avaient de la famille. Le frère de Bahba travaillait à Besançon dans le bâtiment. Dubedda a lui aussi un frère qui vit ici avec sa famille. Il travaillait comme manoeuvre dans le bâtiment, il chargeait la viande dans les camions…depuis les années 60 ! Il a 7 petits enfants. Chaque année ils allaient au Maroc

Ils sont arrivés au foyer qui est devenu une résidence. Ce qui est pénible pour eux ce sont les allers-retours au Maroc, trois jours de route et il faut de l’argent.

Le matin ils vont au marché à Planoise, l’après-midi ils jouent au domino, jeux de dames et regardent la télé. Leur femme ne sont jamais venues ici, ni les enfants, tous le monde est resté au bled.

Ils n’ont pas à critiquer la France sur l’histoire des retraites des anciens combattants. Ils ont des médailles qui ne leur rapportent rien mais ils n’ont pas de haine contre la France. Personne n’est venu leur demander de raconter leur histoire mais si on leur pose des questions ils raconteront.

Le Maroc et la France sont liés par l’histoire, ils aiment la France.

Participent-ils aux cérémonies d’anciens combattants? Pas toujours. Dubedda dit que personne ne l’a invité. Ils n’en veulent pas à la France pour avoir mis si longtemps pour reconnaître leurs droits. Ils sont allés voir le film Indigènes, mais que l’on est loin de la vérité !

Il a donné toute sa jeunesse à la France. Ils n’ont pas à se mêler des décisions de la France qui ne donne pas de papiers aux étrangers. La France ne peut pas donner la nationalité à tout le monde. Les tirailleurs marocains ne se sont engagés que 5 ans…. Aujourd’hui il ne demande qu’une chose c’est rentrer chez lui. Il a du rembourser l’état car il y avait oublié de remplir des papiers mais il ne sait pas écrire ni lire. Il a 3 garçons et 5 filles au Maroc la dernière à 18 ans.

Propos recueillis par Claude Gouin

Maroc

Besançon, France

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